Infection ou vaccination, une même immunité ?

En cas d’infection au covid ou dans le cadre d'une vaccination, le corps développe une immunité. L’immunité naturelle et l’immunité vaccinale sont-elles comparables ? Comment se mettent-elles en place ? On fait le point.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Image d'illustration. Des anticorps s'attaquent à des coronavirus.
Image d'illustration. Des anticorps s'attaquent à des coronavirus.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / MattLphotography

Qu’on attrape le covid ou qu’on se fasse vacciner, notre organisme développe dans les deux cas une immunité contre le coronavirus. Mais les deux situations sont-elles équivalentes ?

Le principe global est le même : un antigène – le coronavirus, tout ou en partie – pénètre dans l’organisme. Le système immunitaire l’identifie comme un "ennemi". Il va donc chercher à le détruire d'une part, et à se souvenir de lui d'autre part. De cette manière, il pourra reconnaître ce virus et le détruire rapidement s’il était amené à le rencontrer une deuxième fois. Ces mécanismes constituent la réponse immunitaire et la mise en place de l’immunité.

Globalement, cette réaction immunitaire repose sur deux actions : une production d’anticorps spécifiques à l’antigène rencontré, et une activation des lymphocytes mémoire, des globules blancs qui ont une durée de vie très longue.

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Une immunité naturelle globale

Mais l’immunité acquise par l’infection et celle acquise par la vaccination ne sont pas strictement identiques.

Lors d’une infection, le virus se multiplie dans l’organisme, infecte différents types de cellules, et ce pendant plusieurs jours. En agissant ainsi, il se présente au système immunitaire sous toutes ses coutures. Les cellules du système immunitaire apprennent à reconnaître tous les antigènes du virus, la réponse immunitaire est donc globale.

Une immunité vaccinale centrée sur la protéine S

Ce qui n’est pas le cas des vaccins. Par définition, ils ne contiennent pas de virus actif qui circulerait et se reproduirait dans l’organisme, mais uniquement une partie des antigènes du virus. Dans le cas des vaccins anti covid, la réponse immunitaire repose sur la protéine S, cette protéine de surface du virus qui lui permet de s’accrocher aux cellules cibles et d’y pénétrer.

Pour AstraZeneca et Johnson & Johnson, il s’agit d’adénovirus vectorisés portant à leur surface la protéine S du coronavirus. Une sorte de coquille vide qui ressemble en surface au SARS-CoV-2.

Pour Pfizer et Moderna, il s’agit d’un morceau d’ARN, l’information génétique, qui contient un mode d’emploi pour que le corps humain construise lui-même la protéine S.

Quand les variants posent problème

Sachant tout cela, théoriquement, l’immunité vaccinale pourrait être moins complète que l’immunité naturelle car le système immunitaire n’a pas rencontré toutes les facettes du virus.

Dans le cas du covid, il n’a rencontré "que" la protéine S. Ce qui suffit tout de même à reconnaitre le virus et à le neutraliser… sauf si celui-ci a trop muté. Les variants, dont la protéine S serait trop différente, pourraient ainsi échapper à l’immunité. Mais cela vaut également pour l’immunité naturelle : un variant trop différent risque d’échapper à la vigilance du système immunitaire.

Une infection ne dispense pas du vaccin

Et quand on a déjà eu le covid, comment ça se passe ? En France, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande que les personnes qui ont déjà eu le covid ne reçoivent qu’une seule dose de vaccins. La maladie suffirait en effet à déclencher une mémoire immunitaire et la première dose agirait ensuite comme un rappel.

Mais l’infection ne dispense pas du vaccin, car l’immunité naturelle seule semble ne durer que quelques mois. Au moins deux "expositions" au virus seraient donc nécessaires pour que l’immunité dure dans le temps, que la première exposition se fasse via une dose de vaccin ou via une infection naturelle.

Dernière chose à savoir : il n’y a pas de risque à se faire vacciner après une infection. Mais il n’y a pas non plus d’intérêt à le faire trop tôt, quand le corps possède encore suffisamment d’anticorps acquis naturellement. C’est pourquoi, les autorités sanitaires recommandent aux patients guéris du covid d’attendre trois mois avant de se faire vacciner.