Le cancer, premier tueur des pays riches

Dans les pays à hauts revenus, le cancer est devenu la première cause de décès, dépassant ainsi les maladies cardiovasculaires. Une tendance qui pourrait se généraliser au monde entier dans quelques décennies.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Le cancer, premier tueur des pays riches

De quoi meurt-on le plus dans les pays riches ? Selon une étude publiée le 3 septembre 2019 dans la revue The Lancet et présentée au Congrès de la Société Européenne de Cardiologie (ESC) à Paris, le cancer est devenu la principale cause de décès dans les pays riches. Pour le moment, à l’échelle mondiale, le cancer est la deuxième cause de décès la plus fréquente et représente un peu plus du quart (26 %) de tous les décès.

Ainsi, les maladies cardiovasculaires demeurent la principale cause de mortalité dans le monde chez les adultes d'âge moyen. Mais il est "probable que le cancer deviendra la cause la plus courante de décès dans le monde dans quelques décennies", selon les auteurs des publications.

A lire aussi : Cancer : plus d’un million de morts prévus en 2019 dans l’UE

"Transition épidémiologique"

Les travaux se sont pour le moment limités à 21 pays, répartis à travers cinq continents. Les chercheurs ont analysé les données de 160.000 adultes suivis sur une décennie, entre 2005 et 2016, dans des pays à revenu élevé, moyen et faible. Les quatre pays à revenu élevé pris en compte sont le Canada, l’Arabie Saoudite, la Suède et les Émirats Arabes Unis. "Le monde assiste à une nouvelle transition épidémiologique (...), les maladies cardiovasculaires n'étant plus la principale cause de décès dans les pays à revenu élevé", explique à l’AFP Gilles Deganais, professeur émérite à l'Université Laval, au Québec et co-auteur des deux publications.

2,5 fois plus de décès liés aux maladies cardiaques

En parallèle, les scientifiques pointent du doigt le lourd tribut payé par les pays pauvres en ce qui concerne les maladies cardiaques, qui représentent plus de 40% des décès, soit environ 17,7 millions de décès en 2017. D’après eux, les habitants des pays pauvres sont en moyenne 2,5 fois plus susceptibles de mourir d'une maladie cardiaque que ceux des pays riches.

Cholestérol, obésité et diabète

Selon le deuxième volet de l'étude, sur les mêmes 21 pays, 70% des cas de maladies cardiovasculaires sont dus à des "facteurs de risque modifiables". Les facteurs de risque métaboliques - cholestérol élevé, obésité ou diabète - sont notamment en cause dans plus de 40% des maladies cardiaques et sont le principal déterminant des maladies dans les pays riches. Dans les pays en développement, les chercheurs relèvent aussi le rôle de la pollution de l'air intérieur, de l'alimentation et du faible niveau d'éducation.

"Un changement de cap s'impose pour atténuer l'impact disproportionné des maladies cardiovasculaires dans les pays à revenu faible et moyen", souligne auprès de l’AFP Salim Yusuf, professeur de médecine à l'Université McMaster (Canada) et co-auteur de l’étude. "Ces pays doivent investir une plus grande part de leur produit intérieur brut dans la prévention et la gestion des maladies non transmissibles, y compris les maladies cardiovasculaires, plutôt que de se concentrer sur les maladies infectieuses", ajoute-t-il.