La névralgie du trijumeau, une douleur de la face

La névralgie du trijumeau est une douleur très intense dans le visage. Souvent invalidante, elle nécessite une prise en charge globale faisant appel aux médicaments et parfois à la chirurgie.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
Comprendre la névralgie du trijumeau et l'algie vasculaire de la face

C'est une affection rare, qui touche 10 hommes et 20 femmes pour 100 000 personnes. Extrêmement douloureuse, elle se localise au niveau de visage. La névralgie est une douleur d'origine neurologique et le trijumeau, auparavant appelé V, est le cinquième nerf facial et il en existe deux, l'un à droite et l'autre à gauche. Il se divise en trois branches, la supérieure innervant le front et l'arête du nez, la branche du milieu de l'aile du nez à la tempe, et la branche inférieure le tiers inférieur du visage. Le plus souvent, la douleur est située sur une de branches, voire deux.

Imprévisible, elle est intense et paroxystique, sous la forme de décharges durant quelques secondes à une ou deux minutes et survenant habituellement par salves. Ces pics douloureux se répètent parfois 100 fois par jour, rendant la névralgie particulièrement invalidante. Chez certaines personnes, une douleur plus sourde peut subsister entre deux crises. Parfois, elle est déclenchée en touchant une zone précise ou en réalisant certaines activités, comme se brosser les dents ou mastiquer.

Un mécanisme mal connu

Il existe deux formes de névralgie du V, l'une dite essentielle (sans cause identifiée), qui survient à partir de 50 ans et qui est due à une anomalie du trajet d'une artère qui comprime le nerf. La seconde forme de névralgie touche souvent des personnes plus jeunes et elle est secondaire à une autre affection, comme la sclérose en plaques, un accident vasculaire cérébral ou une tumeur qui comprime le nerf.

Pour certains, la douleur s'expliquerait par la compression du nerf : elle provoquerait une destruction de la gaine de myéline qui l'entoure et qui facilite la transmission des informations nerveuses. Ce qui produirait des impulsions nerveuses anarchiques ou une désinhibition des voies de la douleur au niveau du noyau du nerf trijumeau (elles se manifesteraient alors de façon excessive).

Une prise en charge globale

Comme pour toute douleur chronique, la prise en charge fait appel à une association de moyens, en tête desquels se trouvent les médicaments. Les antalgiques ne sont pas efficaces, on utilise donc certains antiépileptiques qui ont un effet sur la douleur d'origine neurologique, à l'instar de la cabarmazépine ou de la gabapentine, à des doses parfois importantes.

Le baclofène, l'amitriptyline ou la phénylhydantoïne ont également une efficacité. Si cela ne soulage pas suffisamment la douleur, des alternatives existent. Une intervention chirurgicale est intéressante lorsque le nerf est comprimé : il s'agit d'une décompression chirurgicale (où le chirurgien interpose une petite éponge entre le nerf et l'artère qui le comprime), ou de l'ablation d'une tumeur.

En cas de contre-indication à la chirurgie et d'inefficacité du traitement médicamenteux, on peut réaliser un "bloc périphérique" du nerf, qui consiste à bloquer la fonction du nerf grâce à l'injection d'un produit anesthésiant. Cela permet une amélioration temporaire et prédit l'éventuel intérêt d'autres techniques pour agir sur le nerf, comme le gamma knife (destruction d'une zone du nerf par les rayonnements), la thermocoagulation (destruction par la chaleur), ou encore la compression du nerf par ballonnet par exemple.

L'apprentissage de l'hypnose est intéressant pour mieux vivre les accès douloureux ; l'application de froid sur la zone douloureuse soulage parfois. Un soutien psychologique est souvent nécessaire car les douleurs chroniques sont particulièrement éprouvantes et ont un fort retentissement sur la vie quotidienne.

Sources :

  • Manual Merck
  • Société française d'étude des migraines et céphalées
  • Vidal