Bronchiolite : ce que le plan d'urgence va changer

L'épidémie de bronchiolite continue de progresser, avec des passages aux urgences et des hospitalisations à des niveaux inédits "depuis plus de 10 ans". En réponse, le ministre de la Santé a déclenché le plan ORSAN.

Mathieu Pourvendier avec AFP
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Depuis mi-septembre, 38 enfants en réanimation pédiatrique ont été transférés d'Ile-de-France vers d'autres régions
Depuis mi-septembre, 38 enfants en réanimation pédiatrique ont été transférés d'Ile-de-France vers d'autres régions  —  shutterstock

À l'origine d'un record d'hospitalisations et de passages aux urgences "depuis plus de dix ans", l'épidémie de bronchiolite frappe tôt et fort cette année en France. Elle survient dans un contexte de crise en pédiatrie, ce qui a poussé le gouvernement à déclencher un plan d'urgence national prévu pour les situations sanitaires exceptionnelles.

Réserve sanitaire, rappel du personnel, report d'interventions...

Le ministre de la Santé François Braun a ainsi annoncé au Sénat le déclenchement d'un "plan ORSAN (organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles) spécifique à cette épidémie". Ce plan repose sur la mobilisation des établissements de santé, qui peuvent activer leur "plan blanc". Ce dernier contient des mesures d'organisation destinées à faire face à une situation sanitaire exceptionnelle ou une activité accrue d'un hôpital.

Concrètement, le plan ORSAN va se traduire notamment par le "rappel du personnel hospitalier" et "le renforcement de la permanence des soins ambulatoires", c'est-à-dire des gardes des médecins libéraux le soir et le weekend, voire, "si les moyens locaux ne suffisent plus", par la mobilisation de la réserve sanitaire. Le plan d'urgence prévoit également de reporter des interventions non urgentes, de réorganiser l'accueil des patients et d'augmenter les capacités d’accueil.

"Cela ne signifie pas que le plan blanc est déclenché dans l'ensemble des hôpitaux de France", mais seulement dans un "nombre limité" à ce stade, a précisé l'entourage du ministre.

6 891 enfants passés aux urgences

Un total de 6.891 enfants de moins de deux ans sont passés aux urgences pour bronchiolite en métropole dans la semaine du 31 octobre au 6 novembre. 2.337 enfants ont finalement été hospitalisés. Et depuis mi-septembre, 38 enfants en réanimation pédiatrique ont aussi été transférés d'Île-de-France vers d'autres régions.

En outre, "les hospitalisations pour bronchiolite représentent 50% des hospitalisations suite à un passage aux urgences chez les enfants de moins de deux ans. En comparaison, ce pourcentage était d’environ 40% lors des pics des saisons précédentes", a relevé Santé publique France.     

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Comment expliquer cette envolée ?

L'une des hypothèses est une circulation simultanée de virus qui, d'ordinaire, se succèdent plutôt, selon Sophie Vaux, épidémiologiste à Santé publique France. "Le principal responsable de la bronchiolite et de ses effets les plus graves, le VRS (virus respiratoire syncytial, ndlr), circule plus précocement. D'autres virus pouvant provoquer la bronchiolite, comme les rhinovirus ou metapneumovirus, circulent aussi actuellement", précise-t-elle à l'AFP.       

Autre hypothèse : un "effet rebond" lié à une forme de "dette immunitaire" post-Covid, ajoute-t-elle. Cette "dette" pourrait concerner "des enfants (plus grands que les nourrissons) et des adultes, dont des femmes enceintes qui auraient transmis moins d'anticorps à même de protéger leurs nourrissons".

Cette épidémie, "encore en vague ascensionnelle", a "surpris initialement le système de santé, qui est obligé de se réorganiser", a déclaré dimanche le porte-parole du gouvernement Olivier Véran. D'autant que la bronchiolite n'a fait qu'aggraver la crise des urgences pédiatriques, liée à des conditions de travail insatisfaisantes et à un manque de personnel.   

À quoi s'attendre pour les semaines à venir ?

 "Avant la pandémie de Covid-19, les épidémies de bronchiolite étaient connues pour leur grande régularité, avec un pic systématiquement atteint autour de la 50e semaine de l'année. La pandémie est venue bouleverser ce relatif équilibre", expose à l'AFP Pascal Crépey, épidémiologiste à l'Ecole des hautes études en santé publique à Rennes.      

Après une circulation plus faible du principal virus causant les bronchiolites en 2020, l'épidémie 2021 a démarré début octobre en France, dans un contexte de fin de confinements. "L'épidémie 2022 semble se profiler comme celle de l'an dernier pour son démarrage, mais il est encore difficile" de déterminer si le pic approche, selon Pascal Crépey.      

Côté Santé publique France, l'épidémiologiste Sophie Vaux "s'attend à ce que ça continue de monter" et n'exclut pas que "le rythme hebdomadaire remonte une fois estompé l'effet des vacances".      

Courante et très contagieuse, la bronchiolite provoque chez les bébés une toux et une respiration difficile, rapide et sifflante. Si elle peut angoisser les parents, elle est la plupart du temps bénigne. Mais, dans certains cas, elle peut nécessiter un passage aux urgences, voire une hospitalisation

actu bronchiolite pédiatrie saturation
actu bronchiolite pédiatrie saturation  —  Le Mag de la Santé - France 5