Nuisances sonores : bientôt des radars anti-bruit en Île-de-France

Des capteurs de bruit développés par l’association Bruitparif sont expérimentés dans plusieurs communes d’Île-de-France. Un dispositif qui vise à protéger les franciliens des effets du bruit sur leur santé.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Schéma de principe du capteur méduse (version 2019), avec ses quatre microphones positionnés selon un tétraèdre régulier et ses capteurs optiques au centre.
Schéma de principe du capteur méduse (version 2019), avec ses quatre microphones positionnés selon un tétraèdre régulier et ses capteurs optiques au centre.  —  Crédits Photo : © Bruitparif

Après les radars de vitesse, les radars acoustiques. En septembre prochain, un capteur de bruit sera installé à Villeneuve-le-roi (Val-de-Marne), commune limitrophe de l’aéroport d’Orly, rapporte Le Parisien. D’ici la fin du mois de septembre, deux autres radars devraient être déployés en Vallée de Chevreuse (Yvelines), et deux supplémentaires dans Paris intra-muros.

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Neuf millions de franciliens exposés au bruit

Ce type de radar, baptisé "Méduse", a été développé et breveté dès 2016 par l’association Bruitparif, observatoire du bruit en Île-de-France. Le rôle de ce capteur : contrôler le bruit émis par les véhicules, en particulier les deux-roues adeptes de "rodéos" bruyants. A terme, l’objectif serait d’identifier et de verbaliser les conducteurs trop sonores.

En Île-de-France, d’autres communes ont déjà expérimenté ces capteurs, comme Saint-Forget (Yvelines) depuis le début du mois d’août. Ils sont également utilisés sur les chantiers de construction du Grand Paris Express. Ces essais sont justifiés par le nombre de franciliens exposés aux nuisances sonores. En effet, comme le révélait Bruitparif dans une étude publiée en février 2019, "près de 90% des habitants, soit plus de neuf millions de personnes, sont exposés à des niveaux supérieurs aux valeurs recommandées par l’Organisation mondiale de la santé pour éviter les conséquences sanitaires du bruit des transports".

Hypertension, fatigue, infarctus, stress…

Car il est désormais démontré que le bruit nuit à la santé. En 2018, l’Organisation mondiale de la Santé alertait ainsi sur la relation existant entre le bruit et les résultats sanitaires suivants : "effets cardiovasculaires et métaboliques, désagrément, effets sur le sommeil, troubles cognitifs, déficience auditive et acouphènes, issues indésirables de la grossesse, qualité de la vie, santé mentale et bien-être."

Plus précisément, Bruitparif rappelle que les effets du bruit sur la santé tels que "troubles auditifs, gêne, fatigue, stress, perturbations du sommeil, risques cardiovasculaires accrus, y compris hypertension et infarctus du myocarde, troubles dans les apprentissage sont avérés et reconnus par les plus hautes instances sanitaires internationales."

Trois ans de vie en bonne santé perdue

En fin de compte, ce serait en moyenne "10,7 mois de vie en bonne santé" qui seraient perdus "du fait du bruit cumulé des transports par individu au cours d’une vie entière, au sein de la zone dense francilienne". Pire, dans certaines zones, comme dans les communes proches des aéroports et concernées par un fort trafic routier et ferroviaire, "le risque individuel peut même atteindre voire dépasser les trois ans de vie en bonne santé perdue".

Mais pour que le radar "Méduse" ait un réel impact sur les pratiques des conducteurs et donc sur la santé des riverains, Bruitparif espère prochainement coupler sa technologie à un dispositif de lecture automatisée de plaque d’immatriculation pour "développer un prototype d’appareil de contrôle automatique des niveaux d’émissions sonores des véhicules". Reste encore à définir dans un cadre juridique un seuil de décibels au-delà duquel les pilotes de deux-roues seront considérés en infraction.