J'ai peur d'uriner aux toilettes publiques...

Il existe sûrement des questions que vous n'avez jamais osé poser, par pudeur, crainte, voire même honte... Aujourd'hui, il est question d'un nouveau complexe avec l'impossibilité d'uriner en public. 

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Lorsque vous tapez "Peur d’uriner" sur un moteur de recherche, vous tombez tout de suite sur "Peur d’uriner en public", puis "Peur d’uriner sur soi""Peur d’uriner la nuit", et enfin "Peur d’avoir envie d’uriner". La "Peur d’uriner dans des lieux publics" génère près de 212 000 résultats sur internet. Beaucoup d’hommes et de femmes (même si les hommes sont plus nombreux) partagent leur expérience dans les forums et cela va de la "gêne vivable" au véritable blocage… 

Rien de plus naturel que la miction…  

Uriner est naturel et parfois on ressent même un réel soulagement quand on peut satisfaire une envie pressante après s’être retenu. L’urine est produite par les reins et elle circule ensuite dans des petits tuyaux que sont les uretères pour parvenir à la vessie où elle est stockée. L’intérieur de la vessie est constitué d’une paroi comprenant plusieurs couches musculaires. Quand la vessie se remplit, la paroi se tend. De petits capteurs envoient alors un message au cerveau par l’intermédiaire de nerfs, c’est ce qui provoque l’envie d’uriner. Le cerveau commande ensuite la contraction de la vessie et l’ouverture d’un premier sphincter. Mais il faut le relâchement d’un deuxième sphincter pour permettre à l’urine de s’écouler vers l’extérieur via un petit orifice qu’on appelle l’urètre… Pour les personnes qui ont peur d’uriner dans des lieux publics, le mécanisme "physique" de miction fonctionne tout à fait normalement quand elles sont seules chez elles. Le blocage survient en présence des autres avec un vrai stress et sous son effet, le muscle de la vessie se relâche et les sphincters se contractent, impossible alors d’uriner… 

Qu'est-ce que la "parurésie" ?

On sait que "l’énurésie" désigne l’écoulement involontaire des urines. Eh bien, la "parurésie", c’est littéralement, au contraire, le fait que ces urines ne sortent pas à cause d’un stress, de la peur d’être vu ou entendu par quelqu’un. Le fait d’être dans un environnement peu familier ou d’être pressé par le temps peuvent amplifier cette angoisse et ce blocage. On surnomme aussi ce trouble "syndrome de la vessie timide", c’est presque un surnom "gentil" qui édulcore un peu la souffrance que ce trouble peut engendrer.

Les causes pouvant expliquer la peur d'uriner en public 

Selon les urologues et psychologues spécialistes du sujet, les causes sont variées. Il y a parfois des souvenirs d’école traumatisants comme le fait d’être embêté par ses camarades dans les toilettes, l’absence de portes, le manque d’hygiène des lieux. Pour un petit garçon qui a appris à faire pipi assis avec sa mère dans les toilettes des dames, le passage dans les urinoirs masculins avec des grands messieurs qui urinent juste à côté de lui, peut aussi s’avérer impressionnant. Mais la parurésie n’est pas toujours liée à une histoire de toilettes, cela survient aussi chez les personnes qui ont vécu un traumatisme ou qui présentent un terrain anxieux. Il y a aussi pas mal de personnes qui ne trouvent pas de cause à leur problème mais on peut agir pour arriver à faire pipi ailleurs que chez soi… 

Conseils aux personnes préoccupées par la parurésie

Il serait pertinent de parler de cette peur avec un psychologue ou un psychiatre pour éviter que la parurésie ne prenne trop de place en empêchant de mener une vie normale. Si les personnes évitent d’aller dans un bar par crainte de devoir utiliser les toilettes, si elles refusent des invitations et se replient sur elles-mêmes, il faut prendre les devants ! Comme la parurésie est considérée par les spécialistes comme une phobie sociale, on va employer ce qui fonctionne le mieux pour les phobies : les thérapies cognitives et comportementales.
Elles consistent à confronter la personne très progressivement à ce qui la stresse. Par exemple le patient peut, dans un premier temps, entrer dans les toilettes publiques, y rester un peu, pour se laver les mains par exemple, puis ressortir.

On allonge petit à petit la durée de l’exercice. Il peut ensuite se rendre dans une cabine fermée des toilettes publiques, se confronter aux bruits extérieurs puis ressortir.

Il y a aussi une certaine solidarité qui se met en place avec des personnes souffrant de parurésie qui peuvent s’entraider en allant aux toilettes ensemble en se rapprochant peu à peu… Un monsieur incontournable sur ce sujet avait d’ailleurs évoqué cette idée, c’est Steven Soifer, professeur à l’Université du Mississipi, lui-même atteint du syndrome de la vessie timide, président de l’Association internationale sur la parurésie et auteur d’un livre sur le sujet. 



Mélanie vous conseille de le suivre sur les réseaux sociaux, si vous lisez l’anglais, car il dédramatise vraiment bien ce sujet délicat et donne des conseils comme le fait, justement, de s’exposer progressivement à cette crainte… 

Pas sûr que cet éminent professeur valide cette invention qui date de 2015 et n’a pas connu un franc succès. Il s’agit d’une sorte de cape munie de ventouses que vous pouvez coller sur le mur face à vous dans les urinoirs pour vous isoler de vos voisins. C’est sûr que pour une personne anxieuse qui a envie de passer inaperçue c’est pas top, et si c’est le bruit de l’écoulement de l’urine qui vous gêne ça ne sert pas à grand chose non plus… 


 

N'hésitez pas à envoyer vos questions gênantes par mail : melanie@allodocteurs.fr