Les parabènes peinent à trouver un substitut sans effets secondaires

Conservateurs utilisés dans les cosmétiques et les produits d'entretien, les parabènes (ou parabens) ont progressivement été bannis au vu de leur action documentée sur les récepteurs des oestrogènes. Malheureusement, leurs substituts ne s'avèrent pas sans risques.

Florian Gouthière
Rédigé le , mis à jour le
Cosmétiques : sans parabènes mais pas sans allergie
Cosmétiques : sans parabènes mais pas sans allergie

Le principal successeur des parabens, le méthylisothiazolinone, serait en effet responsable d'un regain de consultations dans les services dermatologiques. Car outre son effet conservateur, il est également un allergène reconnu, auquel serait notamment sensible 2 à 4 % des personnes souffrant d'eczéma (1).

A l'occasion des dernières Journées Dermatologiques de Paris, Annick Barbaud, chef de l'unité de dermato-allergologie du CHU de Nancy, a ainsi témoigné du nombre croissant des patients consultant depuis deux ans pour des eczémas de contact sur les mains ou le visages. Au cours de son intervention, citée dans la dernière édition du Nouvel Observateur, elle a notamment attiré l'attention sur les fortes concentrations auxquelles est utilisé la substance pour égaler l'effet antibactérien de ses prédécesseurs (2), ainsi que de son caractère extrêmement volatil : "Certaines personnes souffrent de gêne respiratoire simplement lorsqu'ils se trouvent dans une pièce dont le sol a été lavé avec un nettoyant contenant du méthylisothiazolinone". Ce dernier se retrouve en effet dans de très nombreux produits ménagers (lingettes, liquide pour le sol et les plaques électriques, etc.) comme le rappelait récemment sur notre site le dermo-pharmacologue Christine Lafforgue à l'occasion d'un échange avec les internautes.

Diminuer les concentrations de ce produit ne semble guère envisageable. "L'effet antibactérien ne [serait] pas suffisant", anticipe le professeur Barbaud. Quel(s) nouveau(x) substitut(s) proposer, alors, aux consommateurs ?

L'Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM), dans une note d'information publiée en mai 2011, anticipait déjà cette question : "Par définition, tous les conservateurs sont biologiquement actifs. En conséquence, tout conservateur peut conduire potentiellement à des problèmes de sécurité." Il ne lui semblait pas possible de proposer, en l'état actuel des connaissances, des alternatives chimiques ayant un meilleur profil de sécurité et une efficacité de conservation égale aux parabènes eux-mêmes.

Le problème est-il donc insoluble ? L'ANSM suggérait de trancher le nœud gordien, incitant les laboratoires à privilégier "les méthodes physiques et non chimiques de conservation" au travers du développement de conditionnements unidoses. Il reste enfin au consommateur la possibilité de préparer lui-même ses propres cosmétiques ou produits d'entretien...

(1) Evaluation de l'Institut Allemand de Documentation et d'Information Médicales.

(2) Le méthylisothiazolinone est autorisé en Europe pour toutes applications cosmétiques à une concentration maximale de 15 ppm2.

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