Amérique latine : épidémie de cancers à l'horizon 2030

Une épidémie de cancers menace l'Amérique latine. Selon un rapport publié dans la revue The Lancet Oncology (avril 2013), si les gouvernements n'améliorent pas l'accès aux soins des plus pauvres et les systèmes de santé, en 2030, le cancer tuera plus d'un million de personnes chaque année.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Amérique latine :  épidémie de cancers à l'horizon 2030

Des chiffres alarmants

Présenté dans le cadre de la conférence du Groupe de coopération en oncologie latino américaine (LACOG) 2013 à Sao Paulo, le rapport* indique un taux de mortalité par cancer plus élevé qu'ailleurs : 13 décès sont enregistrés pour 22 cas de cancer dans la région contre 13 décès pour 37 cas aux États-Unis et 13 décès pour 30 cas en Europe.

Pourtant l'Amérique latine* n'enregistre aujourd'hui que 163 cas de cancers pour 100.000 habitants, contre 300 cas pour 100.000 habitants aux Etats-Unis et 264 cas pour 100.000 habitants en Europe.

Selon l'Américain Paul Goss, professeur de l'École de médecine de Harvard, à Boston, qui a dirigé l'équipe d'experts ayant rédigé le rapport, l'adoption généralisée des modes de vie occidentaux (sédentarité, malbouffe, pollution, alcool, tabac, etc.) va dans les années à venir entraîner un nombre croissant de cas de cancer.

"Les chercheurs estiment ainsi que d'ici à 2030, 1,7 million cas de cancers seront diagnostiqués en Amérique latine et aux Caraïbes et il y aura plus d'un million de décès dus au cancer annuellement", souligne le rapport.

Un diagnostic trop tardif, un accès insuffisant aux soins

Un diagnostic trop tardif et un accès insuffisant aux soins sont les principales lacunes pointées du doigt par les experts.

La maladie représente actuellement des pertes de 4 milliards de dollars par an dans la région, non seulement en raison du coût onéreux du traitement mais aussi de l'impact dans l'économie et de la perte prématurée de vies.

"Ces coûts augmenteront beaucoup si les gouvernements n'adoptent pas d'actions coordonnées pour freiner l'impact croissant du cancer dans la région", précise l'étude.

De plus, la moitié de la population n'a pas accès aux systèmes de santé. "Beaucoup d'habitants de la région surtout dans les communautés pauvres, indigènes ou rurales ont peu ou aucun accès aux services de lutte contre le cancer, un problème aggravé par un investissement faible en santé et très inégal dans la majorité des pays latino-américains", relève le rapport.

Des politiques de prévention insuffisantes

"Ces pays ont axé leurs investissements dans la prévention et le traitement des maladies infectieuses alors que les dépenses avec les maladies non contagieuses comme le cancer n'ont pas suivi ce rythme", déplore l'Américain Paul Goss.

L'étude alerte sur le fait que "les cancers sont des maladies de personnes qui vieillissent et les scientifiques calculent qu'en 2020 il y aura plus de 100 millions de plus de 60 ans en Amérique latine".

Les pays doivent selon les experts repenser leurs politiques de santé et miser sur la prévention, en encourageant notamment les gens à arrêter de fumer, à réduire leur consommation d'alcool, à conserver une activité physique, et une alimentation équilibrée.

*Les experts ont étudié les pays suivants : Argentine, Bahamas, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, République dominicaine, Équateur, Guatemala, Guyane française, Guyana, Honduras, Haïti, Mexique, Nicaragua, Panama, Pérou, Puerto Rico, Paraguay et Salvador.

Etude de référence : "Cancer control in Latin America and the Caribbean: a bold ambition ?", The Lancet Oncology, April 2013, doi:10.1016/S1470-2045(13)70111-6

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