Homosexualité : une loi pour interdire les "thérapies de conversion"

Une députée a déposé un projet de loi pour proscrire les "thérapies" de conversion en France. Les promoteurs de ces pratiques considèrent l’homosexualité comme une maladie et prétendent pouvoir changer l’orientation sexuelle.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Interdire les "thérapies de conversion". C’est l’objet de la proposition de loi que la députée LREM Laurence Vanceunebrock a déposée le 3 juin. Ces thérapies sont des pratiques qui prétendent transformer l'orientation sexuelle ou l'identité de genre d'une personne.

Pour le moment, le texte ne possède pas encore de "date d'inscription à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale", a-t-elle précisé, à cause d’un "calendrier" parlementaire bouleversé par le coronavirus. "Mais je vais mettre la pression", assure-t-elle, en espérant un examen début 2021.

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Permettre des plaintes et des poursuites

En quoi consiste cette proposition de loi ? Le texte vise à créer une "infraction spécifique pour prohiber ces pratiques et prévoit des facteurs aggravants pour prendre en compte la situation des mineurs, public particulièrement victime de ces « thérapies »".

Cela permettra des plaintes et des poursuites sur ce "thème bien spécifique", et d'établir des "statistiques" qui n'existent pas aujourd'hui en France, souligne la députée.

"Un spectre très large de pratiques insidieuses"

Les promoteurs de ces "thérapies de conversion" considèrent toujours que l’homosexualité est une maladie, alors qu’elle a été exclue de la liste des pathologies psychiatriques en France en 1992, il y a 28 ans.

Ces thérapies couvrent "un spectre très large de pratiques souvent insidieuses", indiquaient Laurence Vanceunebrock et Bastien Lachaud en décembre dernier, en présentant les conclusions de leur mission d'information parlementaire.  Ces "thérapies" sont souvent adossées à des organisations religieuses qui espèrent convaincre les participants qu'il est possible de se convertir à l'hétérosexualité ou encouragent l'abstinence sexuelle.


Témoignage de Kailey, victime d'une thérapie de conversion à l'âge de sept ans, diffusé dans le Magazine de la Santé le 3 septembre 2019.

Exorcisme, viol, excision...

En décembre, la mission d'information avait entendu "des témoignages de personnes ayant été victimes ou témoins d'exorcismes", et avait "pris connaissance de faits de viol ou d'excision". Des "thérapies" médicales soumettent les victimes, parfois gavées de médicaments, à des séances d'hypnose ou d'électrochocs, disaient les deux parlementaires, en évoquant aussi des "thérapies" sociétales, avec des recours aux "mariages forcés".

Auditionnée par les députés, l'association Le Refuge, qui héberge des personnes homosexuelles rejetées par leur famille, avait expliqué avoir reçu sur sa ligne d'écoute "en moyenne une dizaine d'appels chaque mois en 2019, en forte hausse par rapport aux années précédentes".

Si une étude américaine de janvier 2018 estime à 700.000 le nombre de victimes rien qu'aux États-Unis, il n'existe en France aucune "mesure objective" du phénomène regrettaient les parlementaires. Autre obstacle au recensement de ces "thérapies" : la réticence de nombreuses victimes, parfois sous l'emprise de proches, à porter plainte par crainte des représailles.