Quel suivi gynéco pour les femmes homo et bisexuelles ?

Alors qu'elles ont moins accès au dépistage et aux soins, les femmes ayant des rapports sexuels avec des femmes présentent des risques spécifiques. Pourquoi et comment bénéficier d'un bon suivi gynécologique et sexuel ?

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
Le dépistage et la prise en charge des femmes homosexuelles sont insuffisants
Le dépistage et la prise en charge des femmes homosexuelles sont insuffisants  —  Shutterstock

Qu'elles soient homosexuellesbisexuelles, ou qu'elles ne se reconnaissent pas dans ces catégories, les femmes ayant des rapports avec des femmes souffrent davantage de discriminations et d'infections sexuelles mais sont moins bien suivies et dépistées.

Un moindre accès aux consultations et aux soins

En effet, de nombreuses femmes ayant des rapports avec des femmes consultent tard un médecin, notamment un gynécologue. Elles ne déclarent pas toujours leur orientation sexuelle aux professionnels de santé, par peur du jugement, des discriminations ou par difficultés à se confier. Or celle-ci permettrait de personnaliser davantage le suivi.

De leur côté, les soignants présupposent le plus souvent l'hétérosexualité durant leurs consultations, n'incitant pas à les contredire. Certains minimisent aussi les risques de la sexualité entre femmes, estimant par exemple à tort que le risque de papillomavirus est faible puisqu'il n'y a pas de pénétration de pénis. 

Résultat, le dépistage du cancer du col de l'utérus n'est pas aussi important que pour les femmes hétérosexuelles et les frottis et tests HPV plus rarement effectués. Or les risques sont les mêmes, voire sont augmentées devant l'insuffisance de dépistage du papillomavirus, et nécessitent un suivi régulier.

Les discriminations et les expériences négatives avec un soignant ne sont pas rares. Elles freinent inévitablement l'envie et la possibilité de consulter.

Plus d'IST, moins de dépistage

Pourtant, les femmes ayant des rapports avec les femmes ont davantage d'infections sexuellement transmissibles, les IST. D'après le Centre régional d'information et de prévention du sida et pour la santé des jeunes (CRIPS), elles sont quatre fois plus nombreuses que les femmes hétérosexuelles à rapporter avoir eu une infection sexuellement transmissible dans les cinq dernières années.   

Elles sont plus concernées par les facteurs de risque d'IST pour différentes raisons. Tout d'abord, elles ont souvent des pratiques plus variées, comprenant le sexe oral avec les cunnilingus, la sexualité pénétrative (avec un doigt, la main, la langue, un sextoy, dans le vagin, la bouche et l'anus), des frottements sexe contre sexe ou encore la masturbation réciproque.

De plus, les femmes homo ou bisexuelles découvrent la sexualité plus jeunes que les femmes hétérosexuelles d'après les différentes enquêtes. Elles ont aussi plus de partenaires, y compris masculins (15 partenaires au cours de la vie, d'après le mémoire SexoFSF de 2017, alors que ce nombre est d'environ six, quelle que soit l'orientation sexuelle).

En dépit de la fréquence des IST et de ces facteurs de risque, le dépistage des infections est moindre. Ce qui conduit à une prise en charge retardée et potentiellement, des séquelles notamment en termes de fertilité pour le chlamydia.   

Comment améliorer le dépistage et la prévention ?

Pour améliorer le dépistage, les efforts se répartissent entre les patientes et les professionnels de santé. Ceux-ci doivent mettre en place un espace sécurisant et bienveillant, et être plus inclusifs, en posant par exemple ce type de questions : avez-vous un ou une partenaire ?     

L'annuaire Gyn & co recommande des professionnels de santé féministes et bienveillants, à partir des recommandations des patientes.     

De leur côté, les femmes peuvent agir d'une part en communiquant leur orientation sexuelle si elles y parviennent. D'autre part, elles peuvent se renseigner sur les risques spécifiques et les façons de les diminuer, auprès de professionnels de santé bienveillants, des associations comme Le RefugeAct'UPInter LGBT, etc. 

Les conseils de prévention sont rarement connus et donc appliqués. Un préservatif externe ou sur le sextoy, est nécessaire pour toute pénétration. Le nettoyage des objets s'effectue après chaque usage et entre les partenaires.   

Les mains doivent être bien lavées avant tout rapport, avec des ongles courts et limés pour limiter les micro-plaies. Si une pénétration dans le vagin suit une pénétration dans l'anus, le doigt doit être lavé ou le préservatif changé.

Un lubrifiant est recommandé en cas de longs rapports ou de lubrification insuffisante, qui augmentent les irritations, donc les plaies et le risque d'IST. Enfin, une prévention accrue est indispensable en cas de règles, d'infection en cours, ou de statut sérologique de la partenaire inconnue, des facteurs qui majorent là encore le risque d'IST.      

Sources

· CRIPS : Guide LGBTQI pour une santé inclusive  
· Thèse Suivi gynécologiques chez les femmes ayant des relations avec les femmes 
· Mémoire Suivi gynécologique des femmes ayant des relations avec des femmes, déterminants, enjeux et perspectives