Quand les femmes parlent de leur sexualité

"Les femmes et la sexualité" est un sujet qui a longtemps été tabou car l'évoquer était très mal considéré. Depuis quelques mois, deux trentenaires organisent des ateliers entre femmes à Paris, Nantes et Marseille pour parler sexe de façon crue et joyeuse. Une manière d'inciter les femmes à se réapproprier cette parole jadis confisquée par les hommes.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Les femmes participant à ces ateliers s'affranchissent du regard de la société et de celui des hommes. Le but de ces rendez-vous est d'encourager les femmes à mieux connaître leur corps et à apprivoiser leurs zones érogènes afin stimuler leur vie érotique.

Si ces réunions donnent l'impression que les femmes sont très libérées, au cours de l'histoire le discours sur le sexe est longtemps resté un pré carré masculin. "Se réunir entre femmes pour parler de la sexualité est quelque chose de nouveau", confirme Agnès Walch, historienne de la vie conjugale et de l'intimité. "Quand on se met à en parler, cela veut dire qu'on essaie de le maîtriser. La femme veut vraiment récupérer jusqu'au bout sa propre sexualité et enfin reprendre la parole qui lui a été pendant des millénaires confisquée par les hommes".

Avant le XVIIIe siècle, les femmes sont réduites à l'omerta sur les questions de la sexualité. Considérées comme de simples réceptacles, elles doivent rester passives pendant l'acte sexuel.

À la fin du XVIIIe et au XIXe siècle, quelques personnalités scandaleuses ont une parole plus émancipée, notamment dans les romans libertins comme ceux du Marquis de Sade. Dans ces milieux huppés, qui restent minoritaires, la libido de la femme n'est plus tabou. À cette époque, "certaines femmes s'affichaient comme ayant le souci de s'affranchir de leur statut de femmes et essayer d'avoir l'équivalent du statut masculin", explique Agnès Walch.

Au XXe siècle, les apports des psychanalystes comme Françoise Dolto offrent un nouvel éclairage sur la sexualité féminine. Artistes et intellectuelles libèrent la parole. À ce moment-là, "on se marie par amour, note l'historienne, et cela a favorisé des comportements plus détachés des conventions et des normes, notamment des normes de l'église".

Dans les années 80, les magazines se lancent à la recherche du point G. Avec la contraception, la femme adopte des comportements sexuels qui rejoignent ceux des hommes. Dans les années 2000, de plus en plus de BD érotiques écrites par des femmes fleurissent. Encore un signe de cette réappropriation de la parole féminine sur sa sexualité.