L'éjaculation rétrograde, conséquence fréquente du traitement de l'adénome
Une éjaculation rétrograde est une éjaculation qui au lieu d'aller à l'extérieur, remonte vers la vessie. Il s'agit d'une conséquence fréquente du traitement de l'adénome de la prostate.
Qu'est-ce que l'éjaculation rétrograde ?
Une éjaculation rétrograde est une éjaculation qui au lieu d'aller à l'extérieur, remonte vers la vessie.
Normalement, l'éjaculation part des testicules, transite par les vésicules séminales (dont les sécrétions donnent du volume à l'éjaculation) puis par la prostate. L'éjaculat arrive ensuite par l'urètre, le long de la verge, pour être excrété.
Sur ce trajet se trouve un petit canal qui remonte vers la vessie, mais qui est fermé par le sphincter de la vessie. Quand le sperme arrive, il trouve cette "porte" vers la vessie fermée.
Or, au cours d'une intervention sur la prostate, notamment si l'on retire du tissu prostatique par l’urètre pour réduire la taille de cette glande (en cas d'adénome), on va léser ce sphincter.
Ce muscle qui ferme la vessie va alors disparaître, laissant le col de la vessie ouvert. Quand le sperme arrive, il bifurque, et se dirige vers la vessie.
L'éjaculation est-elle rétrograde à 100% après l'opération d'un adénome ?
L'éjaculation rétrograde n'est pas toujours totale. Une partie du sperme seulement peut remonter dans la vessie, l'autre suivant le trajet normal de l'éjaculation.
Cependant, il est impossible de prévoir avant l'intervention sur l'adénome si l'éjaculation rétrograde sera totale ou non.
Les autres causes de l'éjaculation rétrograde
Certaines interventions chirurgicales sur le col de la vessie (endoscopies) et de chirurgie pelvienne (notamment l'ablation des ganglions lymphatiques pour le traitement des cancers testiculaires) peuvent léser des nerfs connectés au sphincter de la vessie, et ainsi être à l’origine d’une éjaculation rétrograde.
"[Concernant les autres causes de l'éjaculation rétrograde], on peut citer les problèmes de diabète", ajoutait le Dr Sylvain Mimoun dans Allodocteurs en juin 2011. "Quand on a un diabète avec des complications neurologiques, il peut aussi y avoir une ouverture [du sphincter de la vessie]. Quand c'est ouvert, en général il n'y a pas grand chose à faire. Il est [donc] important de faire de la prévention pour éviter qu'il y ait du diabète."
D'autres neuropathies non associées au diabète (parmi lesquelles la sclérose en plaque) peuvent également entraîner un relâchement du sphincter.
Certains médicaments utilisés en psychiatrie, mais également certains traitements de l'hypertension (notamment la guanethidine) sont également susceptibles d'entraîner une éjaculation rétrograde durant la durée du traitement.
A noter enfin que certains médicaments destinés à traiter les adénomes de façon non chirurgicale (les alpha-1 bloquants) peuvent également produire ces effets.
Conséquences et traitements de l'éjaculation rétrograde
Outre l'impact sur la procréation, "l'impact de l'éjaculation rétrograde est essentiellement psychologique", estimait en 2009 le professeur Bertrand Lukacs, urologue à l'hôpital Tenon (Paris) dans l'émission Allodocteurs. "Si on le vit bien, il n'y a pas d'impact sur la libido, sur la jouissance ou sur la puissance sexuelle." Un accompagnement psychologique du patient peut donc s'avérer utile et nécessaire.
Si l'éjaculation rétrograde est totale, et si le patient souhaite procréer, il est possible de récupérer des spermatozoïdes au niveau de la vessie.
Les traitements médicamenteux ont généralement peu d'effet si l'éjaculation rétrograde est consécutive à une lésion du sphincter de la vessie lui-même. En revanche, si les lésions sont d'ordre nerveuses, plusieurs traitements s'avérent parfois efficaces. Il s'agit généralement de médicaments détournés de leur utilisation première, tels des antidépresseurs, des antihistaminiques ou des décongestionants (1). Certains traitements de l'hypotension, tels que la midodrine, peuvent également se révéler utiles lorsque le trouble est consécutif à une neuropathie.
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(1) Aux Etats-Unis, l'imipramine (Tofranil®, un antidépresseur), divers antihistaminiques (chlorpheniramine, brompheniramine) et décongestionants (éphedrine, pseudoéphedrine, phenylephrine) sont ainsi prescrits dans certains centres de soins.
Pour en savoir plus
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