Les personnes handicapées peinent à accéder aux soins

En ce 15ème anniversaire de la loi handicap, l'accès au soin reste difficile pour de nombreuses personnes handicapées. D’après l'étude Handifaction, près de une sur quatre a subi le refus d’un médecin, et une sur six a finalement renoncé. 

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Hadrien, 13 ans, est atteint de troubles autistiques.  Les rendez-vous médicaux ont longtemps été compliqués, et notamment chez le dentiste. «Je me souviens la première fois qu’il est venu, il était avec sa maman, raconte Elsa Meyer-Kiansky, chirurgien-dentiste. Il sautait partout, il tapait sur les chaises, on sentait une anxiété».

Des consultations plus longues

Pour que les soins se passent le mieux possible, le dentiste rassure Hadrien, lui explique, passe par le jeu. «Chez un enfant autiste, il faut procéder par étape, obtenir sa confiance, qu’il n’ait plus d’angoisse, explique Fabienne Segura, la mère d’Hadrien.  Si il comprend, il anticipe ce qui va se passer et il n’y a plus de problème. Mais ça c’est assez long à obtenir.» 

Rassurer, écouter, gérer les angoisses… Si les patients handicapés demandent davantage de temps en consultation, ils ont aussi des problématiques particulières auxquels les médecins ne sont ni préparés, ni formés. Bref, de nombreux obstacles empêchent les personnes souffrant d’un handicap moteur et intellectuel de faire soigner. Ainsi, d’après les résultats du questionnaire Handifaction, près de 23% ont subi un refus de soin de la part d’un médecin, et 12,9% ont finalement renoncé à se faire soigner.  

"Les professionnels ont peur"

Conscients du problème, les pouvoirs publics tentent de faciliter l’accès aux soins et à la santé de ces personnes. Cette mission a été notamment confiée au Dr Philippe Denormandie, Chirurgien neuro-orthopédique : « Les professionnels ont peur, les personnes handicapées elles-mêmes ne savent pas bien s’orienter sur la santé, explique-t-il. On ne finance pas bien le temps supplémentaire, on ne finance pas bien la santé dans les établissements médico-sociaux, y a un certain nombre de dysfonctionnements. » 

Mais les choses avancent : les complémentaires santé des personnes handicapées les plus précaires ont été récemment améliorées. Et, depuis le 1er avril, les chirurgiens-dentistes reçoivent un supplément de 100E pour les soins dispensés aux patients en situation de handicap.   

Accompagner les patients et leurs familles

En attendant des mesures plus larges, l’association Co-actis santé, a mis au point des outils d’information adaptés et gratuits pour accompagner les patients et leurs familles. Santé BD notamment, disponible en version papier ou en application, explique, par des dessins et des mots simples, comment se déroule une consultation. Le but : se préparer pour mieux accepter les soins. 

 «On peut consulter une fiche, parmi 60 thématiques, explique Pauline d’Orgeval, co-fondatrice et présidente de l’association CoActis-Santé. Si je prends par exemple la gynécologie, ça explique la façon dont je dois me positionner qui est quand même très intrusive, le fait que le médecin se met en face de moi, etc.»  L'association a aussi mis au point un outil, destiné aux soignants cette fois : le site Handiconnect qui propose de sensibiliser, guider et former les professionnels de santé.

Mais 15 ans après l’adoption de la loi Handicap, les associations et les professionnels de santé attendent des engagements forts de la part du gouvernement pour que l’accès à la santé ne soit plus une question de chance.