L'autogreffe au secours de nos organes

Qui se douterait qu’une de nos côtes pourrait servir à reconstruire une oreille ? Et pourtant, c’est possible ! On peut en effet aujourd’hui avoir recours à un organe pour en sauver un autre. Mais quels sont les avantages de cette méthode ? Et quelles en sont les limites ?

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Une autogreffe

Certaines parties de notre corps sont parfois utilisées comme pièces détachées. L’avantage essentiel repose dans le fait que l’utilisation des propres organes du patient n’entraîne pas de risque de rejet. On parle dans ces cas là d’autogreffe, très utile quand il faut rétablir la fonction d'un organe détruit par la maladie

La graisse du ventre peut ainsi servir de prothèse mammaire, un bout de hanche peut combler un tibia, un tendon peut remplacer un ligament qui s'est rompu, et quand une artère s'abîme, une veine peut venir à la rescousse...

Une veine transformée en artère

Il est parfois nécessaire de remplacer une artère déficiente. Le bon sens pourrait suggérer d’utiliser, à la place, un bout de veine. Or veines et artères ne sont pas complètement identiques.

En effet, pour transporter le sang du cœur vers les organes, les artères ont des parois rigides, alors que les veines, plus souples, font l'inverse, elles ramènent le sang des organes vers le cœur. Et pour que le sang puisse remonter vers le cœur sans revenir en arrière, les veines des jambes ont des valvules.

Ainsi, pour transformer une veine en artère, il faut enlever ces clapets. On peut alors raccorder les deux segments. Sous la pression du sang, la paroi de la veine va s'épaissir. Après quelques semaines, elle va enfin ressembler à une véritable artère.

L’exemple de la côte flottante

Plus inattendu : du cartilage et un fragment de côte flottante peuvent servir à remodeler une oreille. Dans le cas d'une malformation congénitale appelée une aplasie de l'oreille, après avoir prélevé le cartilage et le morceau de côte, le chirurgien va dessiner puis sculpter tous les reliefs du pavillon de l'oreille et placer cet ensemble sous la peau.

L'intestin aussi peut être utile

Pour traiter une rectocolite hémorragique, une maladie inflammatoire chronique de l'appareil digestif, qui impose de temps en temps de retirer une partie du colon et du rectum, le chirurgien peut se servir d'un bout d'intestin pour remplacer l'ancien rectum.

Les intestins permettent aussi de remplacer un autre réservoir : la vessie. En cas de cancer, il faut parfois l'enlever et la remplacer par un bout d'intestin. Environ 400 opérations de ce type sont réalisées chaque année en France. La partie d'intestin reconvertie s'occupe ensuite des fonctions normales d'une vessie.

Seule différence, après l'opération, le patient doit uriner à heures fixes jusqu'à ce que cette nouvelle vessie s'adapte. Généralement, après quelques mois, il trouve ses repères et peut réguler le nombre de ses mictions.

La recherche avance

Il y a dix ans, le professeur Emmanuel Martinod a eu l'idée étonnante, et néanmoins vitale, de remplacer une trachée par un segment d'aorte. Pour mettre au point cette technique aboutissant quelques années plus tard en une première mondiale, ce chercheur parisien a travaillé avec un pneumologue lillois.

Deux autres patients ont été opérés avec cette technique au CHR de Lille. Mais comme il s'agit d'un procédé encore expérimental, les chercheurs n'ont pas encore suffisamment de recul pour mesurer la réussite de ce procédé. Même si les premiers résultats sont très encourageants.

Quand on doit remplacer un organe, l'idéal serait de pouvoir le fabriquer à partir de cellules souches cultivées en laboratoire. C'est l'espoir porté par la thérapie cellulaire. Mais en attendant, les chercheurs continuent leurs expériences pour sauver des organes malades.