Cancer : la flore intestinale influence les effets des traitements

Nous ne sommes pas égaux face aux traitements du cancer et cela dépendrait en grande partie de notre flore intestinale... C'est la conclusion surprenante d'une étude française menée par des chercheurs de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris, de l'Institut Gustave Roussy et de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Dans nos intestins vivent près de 100.000 milliards de micro-organismes : des bactéries, virus, parasites ou champignons, près de 200 à 250 espèces non pathogènes qui constituent ce qu’on appelle le microbiote, un sujet d'étude en plein essor.

Une équipe de chercheurs français a analysé la flore intestinale de 26 patients atteints d'un mélanome à un stade avancé et traités par une molécule d’immunothérapie : l’ipilimumab. Cette molécule, qui s’attaque aux tumeurs en stimulant le système immunitaire du patient, est disponible depuis 2011. Elle est efficace chez une partie des patients, mais au prix d'effets indésirables sévères tels que les entérocolites, une inflammation de l'intestin, qui entraîne des troubles digestifs aigus. Or les chercheurs ont montré que la composition du microbiote intestinal permet de reconnaître à l’avance les malades pour lesquels le traitement sera bénéfique ou non et ceux qui vont développer une entérocolite. 

C'est en constatant que les patients qui réagissaient le mieux à cette immunothérapie présentaient souvent des problèmes d'inflammation de l'intestin que les chercheurs ont eu l'idée d’explorer la piste de la flore intestinale. Ces traitements sont très coûteux et ils ne sont efficaces que pour 20 à 25% des malades. La piste du microbiote permettrait donc de repérer rapidement les patients éligibles après une simple analyse de selles et de proposer aux autres un remaniement de la flore intestinale afin d'améliorer l’efficacité de l’immunothérapie. "Il existe différentes stratégies pour modifier la flore intestinale : des antibiotiques, des phages, une transplantation fécale, des pré-biotiques, ou encore avec des molécules qui vont modifier la composition de la flore", détaille le Pr Franck Carbonnel.

Ces résultats, publiés dans la revue Annals of Oncology, constituent une nouvelle étape vers le traitement personnalisé des cancers. Reste à les confirmer sur un nombre plus important de patients.