Papillomavirus : de l'examen au traitement des lésions

L’hôpital St Joseph à Paris a ouvert depuis mars 2021 un centre spécifique, pluridisciplinaire pour assurer le dépistage et le suivi des personnes à risques ou déjà infectées par le papillomavirus.

Céline Morel
Rédigé le , mis à jour le

Dans cet hôpital les papillomavirus sont traqués sans relâche, du dépistage à la chirurgie. Ce patient fait partie des groupes à risque élevé de développer un cancer de l’anus, il est porteur du VIH et a des rapports anaux avec des hommes.

Son dernier bilan a révélé des lésions suspectes et une infection par un papillomavirus. Il doit donc passer un examen plus précis, une anuscopie à haute résolution.  

L'anuscopie, un examen précis

"Quand on regarde l’anus à l’œil nu et qu'on fait un examen proctologique standard, on repère moins de la moitié des lésions pré-cancéreuses, avec cet examen là on est autour de 90%", explique le Dr Lucas Spindler, gastro-entérologue et proctologue au groupe hospitalier St Joseph.

Le proctologue va introduire dans le canal anal un appareil, un anuscope rétro-éclairé relié à une caméra.

"La zone de prédilection des cellules pré-cancéreuses est cette petite bordure blanche, c’est la zone de transition entre le rectum et le canal anal ", explique le Dr Lucas Spindler.

C’est donc dans cette zone que pourrait se cacher le papillomavirus. Le médecin va introduire une compresse imbibée d’acide acétique pour rendre les lésions visibles.  

"L’acide acétique est du vinaigre blanc, il va entrainer une précipitation des protéines dans les cellules infectées par le papillomavirus et les cellules anormales. Elles vont blanchir et elles vont ressortir plus que les autres. On voit ici, cette lésion qui est bien plus blanche. Si on regarde cette zone là aussi, on voit que c’est homogène, c’est normal alors que là on a des anomalies, c’est moins lisse", constate le Dr Lucas Spindler.  

Le traitement des lésions

Grâce à cette pince, le proctologue commence par effectuer une biopsie des lésions. Ces échantillons seront envoyés au laboratoire pour déterminer si les cellules sont pré-cancéreuses ou non. 

Avant même les résultats de l’analyse, le médecin doit traiter les lésions à l’aide de cet appareil qui délivre de la chaleur.  

"Le but de ce traitement est de brûler le revêtement du canal anal sur une faible profondeur environ 1 à 2 mm. On observe un blanchiment qui montre l’efficacité de la brûlure", explique le Dr Lucas Spindler. 

Grâce à l’anesthésie locale injectée dans la muqueuse, ce traitement n’est pas douloureux.

Quelques minutes ont suffi pour traiter l’ensemble des lésions. Le patient sera revu en consultation après l'analyse de ses résultats.

Traiter les condylomes de l’anus

La journée du Dr Spindler se poursuit au bloc opératoire pour une intervention sur un patient d’une vingtaine d’années qui présente des condylomes de l’anus

"Ce sont des verrues bégnines qui sont aussi dûes au papillomavirus, mais qui peuvent induire une gêne et qui peuvent contaminer d’autres personnes, c’est pour ça qu’on les traite", explique le Dr Lucas Spindler.   

Le patient est endormi sous anesthésie générale car les lésions à traiter sont nombreuses et la zone très sensible. Les condylomes sont toutes de petites excroissances qui ont un aspect typique.

Elles vont être brûlées grâce à un bistouri électrique équipé d’un dispositif bien spécifique. 

"Ce dispositif est relié à un système d’aspiration pour aspirer les gaz digestifs car le risque c’est qu’il y ait une inflammation des gaz, voir une explosion", précise le Dr Lucas Spindler.   

Des lésions brûlées au 3ème degrè

Progressivement, les lésions sont brûlées au 3ème degré sur une faible profondeur. Le but est de brûler les verrues mais de respecter toute la peau qui est saine, il ne faut brûler que ce qui est nécessaire. 

"Il faut bien se rendre compte que ce qu’on fait, c’est de brûler les lésions visibles mais le virus est toujours là, c’est dans l’organisme. Le système immunitaire va l’éliminer dans un délai variable de quelques mois parfois quelques années ", précise le Dr Lucas Spindler.   

Le patient sera donc suivi régulièrement car la récidive est fréquente, elle concerne 30 à 40% des cas.