Lichen : à fleur de peau… et des muqueuses

Le lichen est une maladie de peau, une pathologie méconnue qui peut, dans certaines formes, se révéler très handicapante au quotidien. Quels sont les symptômes ? Comment soigne-t-on cette maladie qui touche aussi les muqueuses ? Est-elle contagieuse ?

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Lichen : à fleur de peau… et des muqueuses

Qu'est-ce le lichen ?

Marina Carrère d'Encausse et Michel Cymes expliquent les signes du lichen.
Marina Carrère d'Encausse et Michel Cymes expliquent les signes du lichen.

Le lichen touche 1 à 3 % de la population, essentiellement les adultes : c'est une maladie inflammatoire auto-immune dont on ignore les causes. Elle se manifeste de différentes façons : boutons, plaques rouges ou violacées avec des stries blanchâtres qui rappellent l'aspect du lichen végétal, d'où le nom de la maladie.

On différencie les lichens selon leur localisation. Les plus fréquents se développent sur la peau (préférentiellement sur la face antérieure des poignets et des avant-bras, les membres inférieurs et la région lombaire) : ce sont les lichens cutanés. Mais ils peuvent également se situer sur bien d'autres endroits : sur les muqueuses, dans la bouche, sur la langue ou l'intérieur des joues (on les appelle lichens buccaux) ou sur les parties génitales. Plus rarement, le lichen atteint les ongles ou le cuir chevelu.

Sous sa forme cutanée, le lichen provoque essentiellement des démangeaisons.

Sous sa forme muqueuse, les symptômes sont plus gênants. Les chairs peuvent devenir érosives, se creuser et provoquer des douleurs et des saignements. Il devient impossible de se brosser les dents, de manger certains aliments (notamment à cause de leur acidité). Chez la femme souffrant de lichen, il se situe dans 50% des cas sur la vulve et le périnée. Picotements, démangeaisons, sécheresse vulvaire sont alors fréquents. Les rapports sexuels peuvent être douloureux et provoquer des saignements.

Quels traitements ?

Une patiente est atteinte de lichen buccal depuis 15 ans et consulte régulièrement son dermatologue pour vérifier l’évolution de la maladie.
Une patiente est atteinte de lichen buccal depuis 15 ans et consulte régulièrement son dermatologue pour vérifier l’évolution de la maladie.

Comme on ne sait pas quels paramètres déclenchent l'apparition du lichen, il est important de consulter son médecin en cas de symptômes pour bénéficier d'un traitement.

65 % des lichens cutanés disparaissent d'eux-mêmes en l'espace d'un an : c'est la raison pour laquelle les médecins ne prescrivent souvent aucun traitement pour les formes les plus bénignes. En revanche, la rémission spontanée est de seulement 3 % pour les lichens buccaux. Pour ces derniers comme pour les lichens cutanés plus sévères et ceux qui touchent la vulve, on prescrit d'abord des médicaments à base de corticoïdes, par voie locale (pommade) ou générale.

Le lichen se traite habituellement par application de dermocorticoïdes, une crème contenant un corticoïde, le clobétasol (famille de médicaments plus connue sous le nom de cortisone). Ce traitement par pommade est efficace pour réguler la maladie quand il est utilisé rapidement et il peut prévenir l'apparition de cicatrices. Un traitement d'entretien à plus faible dose peut être nécessaire. Pour le lichen de la bouche, le corticoïde se donne en bain de bouche. D'autres familles de médicament peuvent être utilisées : 

En cas d’échec ou pour les formes très extensives, on propose habituellement un traitement dit systémique, par comprimés ou perfusion, à base de corticoïdes, de cyclosporine, de méthotrexate qui sont tous les 2 réservés aux formes sévères, érosives, n'étant pas soulagée par les autres médicaments. Ou éventuellement la photothérapie. 

D'autres traitements peuvent être utilisés localement, la cryothérapie, la photothérapie, le laser CO2, les ultrasons focalisés, mais leur niveau de preuves est faible (source : Thérapeutique-dermatologique.org).

Un suivi régulier est nécessaire du fait du risque de récidive et devant le faible risque de cancer.

Les traitements du lichen des zones sexuelles

Le traitement par dermocorticoïdes est toujours indiqué en première intention. Lorsque la maladie a laissé des cicatrices ou provoqué une fusion anormale des lèvres chez les femmes, on recommande l'utilisation de dilatateurs vaginaux pour étirer la peau et faciliter un fonctionnement plus normal des organes sexuels.

Dernière option, qui reste rarement proposée, la chirurgie. Les hommes souffrant de lichen scléreux, peuvent être opérés pour retirer le prépuce, et les femmes peuvent bénéficier d’une vulvopérinéoplastie. En cas de persistance de douleurs durant les rapport, Un traitement contre les douleurs chroniques se justifie quand les douleurs altèrent la qualité de vie (à base de certains anti-épileptiques et certains antidépresseurs, dont l’action sur la douleur est indépendante des effets sur l’épilepsie ou l’humeur).

L'hygiène doit utiliser des produits doux, comme un savon surgras (savons irritants, nettoyage excessif) et l'application d'un émollient soulage la sécheresse de la peau. Des sous-vêtements en coton sont recommandés pour éviter les frottements et les lésions dues aux grattages.

L'espoir de nouveaux traitements ?

Après avoir essayé plusieurs traitements, Delphine, qui souffre d’un lichen muqueux a enfin trouvé un produit efficace, qui lui a permis de retrouver une vie normale.
Après avoir essayé plusieurs traitements, Delphine, qui souffre d’un lichen muqueux a enfin trouvé un produit efficace, qui lui a permis de retrouver une vie normale.

Vous pouvez trouver sur Internet des sites vous expliquant que le lichen est provoqué par le stress, mais cela est faux puisqu'on n'en sait rien. En revanche, le facteur psychologique joue pour le lichen comme pour toute maladie, en aggravant souvent les symptômes.

Dans la vidéo, une patiente fait partie d'un essai clinique testant l'efficacité du sirolimus dans le lichen buccal, un médicament habituellement utilisé comme anti-rejet après une greffe. Il n'a pas montré sa plus-value dans cette indication et ne fait donc pas partie de l'arsenal thérapeutique, habituellement proposé.