Covid : les réanimations saturées "au moins jusqu’à mi-mai" à Lyon

Les lits de réanimation sont totalement saturés en région lyonnaise, alerte le chef de service de réanimation de l’hôpital Lyon-Sud. Une situation de tension qui devrait selon lui durer "au moins jusqu’à mi-mai".

La rédaction d'Allo Docteurs
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Covid : les réanimations saturées "au moins jusqu’à mi-mai" à Lyon
Crédits Photo : © Google Maps

Des réanimations sous tension. Le nombre de malades du covid-19 en réanimation a bondi à l’hôpital Lyon-Sud, alerte le professeur Vincent Piriou, chef de service d’anesthésie-réanimation dans cet établissement."On est dans une phase d'ascension de l'épidémie avec des lits de réanimation qui sont totalement saturés sur la ville et sur la région, ce qui est une nouvelle donne" confie-t-il à l’AFP.

Et pas question de compter sur des transferts interrégionaux car "la France entière est impliquée dans le covid" note-t-il. Conséquence, "quand les patients arrivent à l'hôpital, il faut qu'on anticipe, qu'on libère des lits."

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Les salles d’opérations réquisitionnées

L’hôpital de Lyon-Sud compte habituellement 27 lits de réanimation sur deux unités. "Mais on en a rouvert beaucoup : 11 depuis début septembre et neuf autres cette semaine", témoigne le chef de service.

"On s'attend à rouvrir encore des lits, cette fois-ci dans des salles d'opération" poursuit-il, "même si les conditions de soin pourraient finir par être dégradées faute de personnel."

Et transformer des salles d’opération en salles de réanimation n’est pas sans conséquence. "Avec l'expérience, on a cette agilité pour fermer des blocs opératoires et ouvrir des lits de réanimation. Le problème, c'est qu'on a aussi accumulé beaucoup de retard sur nos chirurgies fonctionnelles et non-urgentes depuis un an" qui sont, de fait, déprogrammées, raconte le professeur Piriou.

Pas de retour à la normale avant mi-juin

Pour lui, la situation est amenée à durer : "On pense que le pic devrait venir d'ici une dizaine de jours, et il y a toujours un décalage entre la ville et la réanimation, car nos patients restent environ 15 jours, trois semaines, voire un mois en réanimation" explique le spécialiste.

"Cela veut dire que les services de réanimation seront saturés au moins jusqu'à la mi-mai, et on ne s'attend pas à un retour à la normale avant la mi-juin" reconnaît-il enfin.

"Lassitude" des soignants

Une situation longue et "compliquée", marquée par "une lassitude du personnel parce que les gens ne voient plus le bout de cette épidémie" souffle le chef de service. "Ça fait maintenant une année que ça dure et il y a beaucoup d'inquiétudes."

A l’origine des préoccupations, notamment : les transitions du personnel de bloc opératoire vers des services de réanimation. "D'une part parce que c'est un nouveau métier pour eux, mais aussi parce que ça bouleverse leur vie personnelle.

Ils n'ont plus les mêmes horaires et travaillent la nuit, ce qui crée des complications très importantes au sein de leur foyer" raconte le professeur Piriou.

Plus de 5.700 patients dans les réa françaises

Le cas de Lyon-Sud n’est malheureusement pas isolé. Sur l’ensemble du territoire, le nombre de malades du covid-19 en réanimation était de 5.729 le soir du 7 avril, contre 5.053 il y a seulement une semaine. En 24 heures, ce sont 673 patients qui ont été admis dans ces services qui traitent les cas les plus graves, selon les chiffres de Santé publique France.

Pour le ministre de la Santé Olivier Véran, le pays pourrait friser fin avril le pic de réanimation atteint lors de la première vague, avant de refluer, le temps que les nouvelles restrictions fassent leur effet.