Covid : l’immunité ne durerait que quelques mois

Les anticorps au coronavirus disparaissent rapidement dans le sang des patients guéris, selon une étude britannique. L’immunité diminuerait donc en quelques mois, en particulier chez les asymptomatiques et chez les plus de 75 ans.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Image d'illustration. Représentation conceptuelle en 3D du coronavirus SARS-CoV-2 et d'anticorps spécifiques à ce virus.
Image d'illustration. Représentation conceptuelle en 3D du coronavirus SARS-CoV-2 et d'anticorps spécifiques à ce virus.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / Kateryna Kon

Combien de temps est-on immunisé contre le coronavirus ? L'immunité acquise par les personnes guéries du nouveau coronavirus "diminue assez rapidement", en particulier chez les malades asymptomatiques, et ne pourrait durer que quelques mois, selon une étude de l’Imperial College de Londres (Royaume-Uni) en pré-publication depuis le 27 octobre sur le site MedRxiv.

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26% de positifs en moins en trois mois

Pour cette étude, les chercheurs britanniques ont suivi 350.000 personnes choisies au hasard en Angleterre. Puis, entre le 20 juin et le 28 septembre 2020, ils ont régulièrement réalisé des tests sérologiques sur ces participants pour détecter la présence d’anticorps dans leur sang. Ces molécules du système immunitaire, fabriquées par l'organisme en cas d'infection, sont spécifiquement dirigées contre le pathogène, ici le virus SARS-CoV-2.
Résultat : "Au cours de cette période, la proportion de personnes testées positives pour les anticorps de la covid a diminué de 26,5%", passant de 6% à 4,4% de la population testée, explique un communiqué de l’université. Cela "suggère une réduction des anticorps dans les semaines ou les mois suivant l'infection" pour plus d’un quart des participants.

Autrement dit, "l'immunité diminue assez rapidement", résume auprès de l’AFP Helen Ward, professeure en santé publique à l'Imperial College London.

Les asymptomatiques moins bien immunisés

Autre constat : les asymptomatiques, c’est-à-dire les personnes positives à la covid mais qui n'ont pas présenté de symptômes, perdent plus rapidement leurs anticorps que les patients symptomatiques.

Plus précisément, la proportion d'anticorps chez les personnes symptomatiques a diminué de 22,3% au cours des trois mois. Mais elle a diminué de 64% chez les asymptomatiques.

Moins d’anticorps chez les plus de 75 ans

Enfin, si toutes les classes d'âge sont concernées par cette baisse d'immunité, les personnes âgées sont les plus touchées. Ainsi, entre juin et septembre, la proportion de personnes de plus de 75 ans disposant d'anticorps a diminué de 39%, quand elle n'a diminué que de 14,9% pour les 18-24 ans.

Anticorps n’est pas synonyme d’immunité

Dernier problème de taille soulevé par les chercheurs : "un test positif aux anticorps ne signifie pas que vous êtes immunisé contre la covid", avertit le professeur Paul Elliott en charge de la recherche dans le communiqué. En effet "on ne sait pas encore si les anticorps confèrent un niveau d'immunité efficace ou, si une telle immunité existe, combien de temps elle dure" rappelle-t-il.

En s’appuyant sur l’exemple des autres coronavirus, cousins du SARS-CoV-2, une réinfection serait même possible "tous les ans ou tous les deux ans " en raison d’une baisse d’immunité, avance la professeure Wendy Barclay, virologue à l’Imperial College.

"Rester optimiste" quant aux vaccins

Si elle est donc défavorable au concept de "passeports immunitaires", qui permettraient aux personnes guéries de mener une vie normale, elle appelle à "rester optimiste" quant aux vaccins. En effet, ceux-ci "fonctionneront différemment" d’une infection par le virus et pourraient donc conférer une immunité plus longue.

En attendant, même les personnes qui présentent un test sérologique positif doivent respecter les gestes barrières : lavage des mains, port du masque et distanciation physique et sociale.