Coronavirus : qu'est-ce-que le syndrome de détresse respiratoire aiguë ?

Le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) est une caractéristique des cas graves de Covid-19, qui amène les patients concernés à être hospitalisés voire admis en réanimation. Quels sont les signes qui doivent alerter ? Quelle est la prise en charge ? Anthony Chauvin, médecin urgentiste vous répond.

Anthony Chauvin
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La détresse respiratoire résulte de l’inadéquation entre les besoins en oxygène du corps et les apports. Le travail du poumon est de permettre l’échange gazeux avec le système circulatoire, c’est-à-dire permettre à l’oxygène de pénétrer dans les vaisseaux présents au contact des alvéoles pulmonaires et permettre au dioxyde de carbone de faire le chemin inverse. Cet échange se passe au niveau de la membrane alvéolo-capillaire. Or en cas d’agression de cette paroi, celle-ci va s’enflammer et empêcher l’échange gazeux. De ce fait, le corps va se retrouver en déficit d’oxygène ce qui va provoquer une détresse respiratoire. 

Un cercle vicieux qui s'installe

Le seul moyen que possède le corps humain pour tenter de contrer ce manque d’oxygène, c’est d’accélérer le rythme de la machine respiratoire. Un homme fait chaque minute 12 cycles respiratoires. Un cycle correspondant à une inspiration/expiration. Plus le corps va avoir du mal à capter l’oxygène du fait de l’inflammation de la membrane alvéolo-capillaire, plus il va augmenter la fréquence respiratoire. C'est le premier signe de la détresse respiratoire. 

Le SDRA, une détresse respiratoire grave

Le SDRA correspond à des critères cliniques, radiologiques et biologiques. Il se manifeste par l’effondrement de la saturation en oxygène dans le sang, qui normalement se situe entre 94 et 100%, et ce malgré l’augmentation de la fréquence respiratoire et l’utilisation d'un masque à oxygène qu’on peut trouver aux urgences par exemple. Dans le SDRA, le poumon ne peut plus assurer sa fonction et il va falloir trouver d’autres moyens d’apporter de l’oxygène en grande quantité et surtout rapidement.

Problématique retrouvée avec le coronavirus

Le SDRA peut se voir dans toute agression infectieuse virale ou bactérienne. La grippe saisonnière par exemple peut aussi évoluer vers le SDRA. C'est la raison pour laquelle, pour la grippe saisonnière aussi, il faut se vacciner et se protéger. Il est important de noter que la mortalité des patients développant un SDRA est de 40 à 50%.

Quelle prise en charge ?

Pour une pneumonie, il faut traiter la cause. Il existe par exemple un traitement curatif avec des antibiotiques. Sinon, il n’existe que des traitements symptomatiques dont le but est d’améliorer, de maximiser la quantité d’oxygène qu’on va pouvoir faire circuler dans le système circulatoire.

Pour ce faire, il faut initialement intuber le patient, c’est-à-dire mettre un tube dans sa gorge et ce après l’avoir mis dans le coma artificiel. Cela va permettre d’envoyer de l’air très concentré dans les poumons du patient. Il faut aussi tenter de mettre le patient sur le ventre, ce qui semble avoir un bénéfice dans ce contexte.

Enfin de nombreuses études mettent en avant l’intérêt de la circulation extra corporelle. Ce qui va permettre de "shunter" le poumon comme organe respiratoire. La CEC va permettre d’injecter directement de l’oxygène dans le sang du patient et ce sans passer par les poumons.

Y a-t-il des traitements préventifs ?

Il n'existe pas de traitements préventifs. Le meilleur moyen est encore de ne pas attraper le virus. Pour cela il est important de comprendre qu’il faut respecter les mesures barrières et le confinement et ne pas approcher les sujets fragiles qui eux sont plus à même d’évoluer vers les formes graves de la maladie. 

On le réexplique, il faut rester à la maison, limiter le risque d’attraper le virus mais aussi de le transmettre. Même sans symptômes, on peut être porteur.
A chacun de nous d’être acteur, en évitant sa propagation.