"Je salive beaucoup", que faire ?

Il existe sûrement des questions que vous n'avez jamais osé poser, par pudeur, crainte, voire même honte... Notre journaliste, Mélanie Morin, a posé ces questions à votre place. Aujourd'hui, il est question de la salivation excessive ou hypersalivation.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Lorsque l'on fait une recherche sur Internet avec les termes "je salive", le premier résultat est "je salive beaucoup". Puis, on obtient le résultat "je salive beaucoup la nuit", "je salive beaucoup quand je cours" et enfin "je salive beaucoup que faire ?". La salivation excessive ou hypersalivation est une préoccupation majeure qui génère près de 616.000 résultats sur Internet.

Comment la salive est-elle produite ?

La salive est sécrétée en permanence mais en quantité plus importante au moment des repas. Le cerveau envoie des signaux aux glandes salivaires pour qu'elles augmentent la production de salive. La mastication y contribue aussi. On compte au total six glandes salivaires, trois de chaque côté du visage : la glande parotide sous l'oreille, la glande sous-maxillaire et la glande sublinguale. Beaucoup moins visibles et pourtant très actives dans la production de salive, il y a de petites glandes sur la muqueuse de la langue, de la bouche, sur le palais et le pharynx.

Un adulte sécrète en moyenne un litre de salive par jour. Elle est composée d'eau à 99%, elle contient aussi des protéines et des sels minéraux. La salive est très utile : elle humidifie les aliments pour faciliter la digestion et réduit même leur acidité pour protéger l'émail des dents. Enfin, c'est un super bouclier qui neutralise de nombreux virus et bactéries qui entrent par la bouche.

Que faire en cas d'hypersalivation ?

Si la salive est indispensable, il est important de consulter en cas d'hypersalivation ou si on a du mal à l'évacuer. Il faut consulter en premier lieu son médecin généraliste ou son dentiste pour vérifier si une infection buccale est à l'origine de l'excès de salive. Par ailleurs, la grossesse a tendance à augmenter la production de salive.

Le stress peut aussi entrer en ligne de compte. Quand on stresse, on a tendance à parler plus vite, à accumuler plus de salive et à moins déglutir. Il faut donc travailler sur ce point. Plusieurs orthophonistes contactés par nos soins proposent d'ailleurs de la rééducation axée sur cet aspect. Les praticiens constatent souvent que la langue des patients appuie trop vers l'avant quand ils parlent, ce qui entraîne une stagnation de salive derrière les lèvres. Cela s'accompagne d'une tension musculaire et la prononciation de certaines consonnes comme par exemple le "p" ou le "b" favorisent les postillons.

Les orthophonistes amènent donc le patient à prendre conscience du positionnement de sa langue quand il déglutit, en avalant un verre d'eau puis sa propre salive. Et il y a aussi des exercices de prise de parole où on encourage le patient à moins appuyer la langue vers l'avant et à détendre l'ensemble de la bouche. En quelques séances, cela donne de très bons résultats.

Le signe d'une pathologie ?

Quoi qu'il en soit, il faut en parler car l'hypersalivation peut aussi être le signe de pathologies graves. Même si cela fait partie d'un ensemble de symptômes, l'hypersalivation est parfois le signe de maladies neurologiques et neurodégénératives, comme la maladie de Parkinson ou encore la sclérose latérale amyotrophique aussi appelée maladie de Charcot. Elles entraînent d'importants troubles de la déglutition et donc un écoulement de salive difficile à contrôler.

S'ils sont très incommodés, on propose à ces patients certains traitements comme des gouttes d'atropine, avec un dosage spécifique, à mettre sous la langue. Cette substance diminue les sécrétions. La toxine botulique peut aussi être injectée dans les glandes salivaires principales sous contrôle échographique afin de ne pas léser des muscles ce qui pourrait aggraver les troubles de la déglutition. La toxine botulique assèche les glandes et son effet dure quatre à six mois. Enfin, dans de très rares cas, grâce à la chirurgie on peut dérouter les canaux salivaires pour rediriger la salive vers le fond de la bouche pour que le patient la déglutisse ou même retirer certaines glandes salivaires.

Un "bavage" sans raison apparente et qui dure dans le temps nécessite toujours un avis médical. Mais pas de panique, l'excès de salive et le postillon sont dus à de multiples causes. Ils sont souvent bénins et très bien pris en charge.
 

N'hésitez pas à envoyer vos questions gênantes par mail : melanie@allodocteurs.fr