Dépister un cancer 4 ans avant les symptômes par une simple prise de sang ?

Des tests sanguins pourraient permettre de dépister des cancers chez des patients asymptomatiques. L’étude publiée le 21 juillet dans Nature Communication n’est pas encore validée. 

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Des chercheurs internationaux déclarent avoir mis au point un test sanguin capable de dépister un cancer 4 ans avant que le diagnostic ne soit posé
Des chercheurs internationaux déclarent avoir mis au point un test sanguin capable de dépister un cancer 4 ans avant que le diagnostic ne soit posé

Plus un cancer est dépisté tôt, plus on augmente les chances de guérison. C’est en partant de ce postulat qui n’est aujourd’hui plus à démontrer, que des chercheurs internationaux ont mis au point un test capable de détecter 5 types de cancers : estomac, œsophage, colon, poumon et foie. Ce test, nommé PanSeer, consiste à rechercher des fragments d’ADN anormaux dans le sang de patients, 4 ans avant que le diagnostic de leur tumeur ne soit posé par les méthodes d’imageries conventionnelles. 

 

L’étude internationale publiée dans Nature Communication ce 21 juillet, porte sur une cohorte de patients très importante : au total, 123 115 chinois de la province de Taizhou, en bonne santé et âgés de 30 à 75 ans ont été recrutés. Pendant 8 ans, ils ont donné régulièrement des échantillons de leur sang et répondu à des questionnaires.  

 

Les prélèvements ont ensuite été analysés afin de rechercher des fragments d’ADN tumoral. Quand les cellules de notre organisme meurent, elles rejettent des bribes de leur ADN. Encore faut-il pouvoir distinguer les fragments normaux de ceux qui pourraient signer la présence d’une tumeur. Pour y parvenir, la méthode la plus validée consiste à rechercher dans ces fragments des mutations génétiques, c’est-à-dire des changements dans la séquence ADN. Mais les auteurs de l’étude ont choisi une autre méthode, appelée méthylation. Elle consiste à rechercher une modification chimique dans les bases de l’ADN.  

 

Résultat : le test, souligne les auteurs de l’étude, a permis de “détecter un cancer chez 95% des individus asymptomatiques”, et ce 4 ans avant que le diagnostic ne soit posé. Mais à y regarder de plus près, ces conclusions ne sont pas aussi encourageantes qu’elles y paraissent. D’abord, parce que sur les 123 115 patients recrutés au tout début de l’étude, seuls 98 ont pu être retenus. Sur ces 98 patients qui ont déclaré un cancer par la suite, les tests ont permis de détecter un cancer 4 avant le diagnostic sur seulement 23 individus.  

 

Pour les auteurs de l’étude, ces tests offriraient une méthode de dépistage facile et non invasive, capable de détecter un cancer avant sa propagation dans l’organisme sous forme de métastases. Les chercheurs précisent à ce sujet, que leur technique ne vise pas à identifier des patients qui développeront un cancer plus tard. Mais plutôt à détecter une tumeur qui a déjà commencé à se développer, et qui passe encore inaperçu sous imagerie médicale.  

 

François Clément Bidard, professeur d’oncologie à l’institut Curie préfère rester prudent. “C’est en effet la première fois qu’une étude suggère la possibilité de dépister un cancer aussi longtemps à l’avance. Mais c’est sur un nombre limité de patients. 23, c’est très peu”.  

Le monde de l’oncologie espère depuis des années pouvoir dépister un cancer par une simple prise de sang. “De nombreuses études sont en cours utilisant l’ADN circulant comme outil de dépistage, précise François-Clément Bidard. Il n’y a aucun doute que le monde de la recherche est sur la bonne voie. A l’avenir, d’ici 5 à 10 ans, cette technologie sera possible”.