Comment la cornée 100 % artificielle pourrait révolutionner les greffes

Une entreprise israélienne est parvenue à développer un greffon de cornée artificielle entièrement synthétique. Un nouvel espoir aux multiples avantages pour tous les patients en attente d'une greffe.

Gabriel Bray
Rédigé le
Cornée artificielle : un nouvel espoir pour les greffes
Cornée artificielle : un nouvel espoir pour les greffes  —  Le Mag de la Santé - France 5

À 74 ans, Arlette Coupel perd progressivement la vue. Elle est atteinte d’une cornea gutatta, une maladie génétique de la cornée. Elle va donc bénéficier d’une greffe pour remplacer ses cellules malades dans le cadre d'un essai clinique.

La nouveauté, c’est que le futur greffon est entièrement artificiel : une petite lentille en plastique inventée par un médecin israélien et qui pourrait pallier le manque de donneurs.

Soigner 13 millions de personnes

"Il y a 13 millions de personnes qui attendent une greffe de cornée et le problème, c’est qu’il n’y a pas suffisamment de donneurs" explique le Dr Daphna Ofer, ophtalmologue au centre médical Assuta à Tel Aviv. "Ce dispositif en plastique peut être fabriqué partout dans le monde et pourrait soigner tous les patients atteints d’un œdème de la cornée", se félicite-t-il.

La cornée artificielle est un concentré de technologie façonné à l’imprimante 3D"Le greffon est un acrylique hydrophile, un produit complètement synthétique qui fait 6,5 mm de diamètre pour 50 microns d’épaisseur", détaille le Pr Éric Gabison, chirurgien ophtalmologue à l'hôpital Fondation Rothschild à Paris.

Ni rejets, ni complications

Après une anesthésie locale, l'opération débute comme une greffe classique de la cornée. Le premier objectif est d'identifier les cellules défaillantes de la patiente.  

"Je vais injecter un colorant bleu qui va marquer les cellules mortes et me permettre de décoller la partie malade de la cornée de la patiente. J’ai fait la découpe et là, je vais avoir un petit grattoir pour retirer les cellules sans abîmer le reste de la cornée", commente le Pr Éric Gabison.

Une fois la partie malade extraite, le greffon artificiel peut prendre sa place. Une marque permet de vérifier s’il est bien orienté.

"On a posé le petit greffon sur l’œil et ici, vous avez un F, ça veut dire qu’il est dans le bon sens. On n’a surtout pas le droit de toucher u
n greffon de cornée normal avec une pince. On va tuer les cellules les plus précieuses du greffon. Ici, comme c’est synthétique, on peut le prendre complètement. Il n’y a pas de risque de rejets ou de complications liées aux antirejets comme le glaucome ou la cataracte. On est dans une autre dimension", précise le Pr Éric Gabison.

Bientôt une mise sur le marché ?

Il ne reste plus qu’à assurer le positionnement du greffon au centre de l'œil. Pour finir, une bulle permet de plaquer le greffon définitivement contre la cornée. L’opération est terminée. Arlette devra maintenant rester allongée quelques jours pour que le greffon reste bien en place.

Contrairement à une greffe classique, la patiente n’aura pas à prendre de traitements anti-rejet. Si l’essai clinique est concluant, ce greffon artificiel pourrait être mis sur le marché d’ici un an.