Cancer de l'ovaire : une chirurgie porteuse d'espoir

La chirurgie est une étape essentielle dans la prise en charge du cancer de l’ovaire. Le but : retirer toutes les lésions cancéreuses qui peuvent se propager au-delà de l’ovaire. Une équipe de l’hôpital européen Georges-Pompidou à Paris teste un nouveau protocole.

Farah Kesri
Rédigé le
Cancer de l'ovaire : une chirurgie incontournable
Cancer de l'ovaire : une chirurgie porteuse d'espoir  —  Le Magazine de la Santé

Le cancer ovarien est la quatrième cause de décès par cancer (3 140 décès annuels). Mais le pronostic vital des patientes atteintes de ce cancer s’est beaucoup amélioré grâce aux nombreux essais cliniques des protocoles thérapeutiques.

À l’hôpital européen Georges-Pompidou (Paris) une équipe teste un nouveau protocole. Au bloc, ils opèrent une patiente dont le cancer a envahi toute la cavité abdominale. À 50 ans, elle a déjà reçu trois cures de chimiothérapie qui ont réduit la taille de ses lésions.

"Nous voyons ici l'utérus au milieu. Ce qui est anormal, ce sont ces deux masses latéro-utérines qui correspondent aux ovaires et aux trompes de la patiente. Ces masses ont réduit de taille parce qu'elles mesurent aujourd'hui 4 cm. Elles étaient au début de la prise en charge à 10 cm", explique le Dr Enrica Bentivegna, chirurgienne cancérologue à l'hôpital Européen Georges Pompidou.

À la recherche d'autres lésions

Le but principal de l’intervention est de retirer toutes les lésions cancéreuses. Les différents plans sont incisés pour accéder aux organes abdominaux."Derrière le foie, on remarque la présence des nodules de carcinose, sous forme de nodules millimétriques jaunes, que vous voyez ici", précise le Dr Enrica Bentivegna. 

Tous les tissus et organes sont inspectés à la recherche de lésions. Une fois cette étape terminée, la chirurgienne retire les parties malades."Souvent, cette chirurgie consiste en l'exérèse de la partie malade, à la surface des organes, sans devoir retirer l'organe. On va retirer le péritoine, on ne va pas du tout toucher au diaphragme", commente le Dr Enrica Bentivegna.

La rate, en revanche, est entièrement retirée. Il y a une présence de lésions anciennes qui ont bien répondu à la chimio, mais qui restent quand même encore visibles.

Retirer l'utérus

Tous les prélèvements effectués sont envoyés pour une analyse. La chirurgienne s’attaque à présent à la partie basse de l’abdomen, à la recherche de l’utérus et des ovaires.

"L'utérus est d'une forme anormale. Tous ces nodules sont des nodules de carcinose, c'est-à-dire que la maladie a quitté l'ovaire pour se localiser à d'autres endroits", détaille le Dr Enrica Bentivegna.

Leur présence implique de retirer l’utérus, les trompes et les ovaires. Les attaches qui les relient au reste de la cavité pelvienne sont minutieusement incisées. Le but est d'enlever tout en une seule pièce, pour être sûr de retirer l’ensemble de la maladie. 

Un essai clinique prometteur

Cette patiente a accepté de participer à un essai clinique. La suite de son traitement sera donc décidée par tirage au sort.

"Cette patiente n'a pas été choisie dans le groupe qui prévoit de faire de la chimiothérapie intrapéritonéale. Bien entendu, elle n'a aucune perte de chance, car elle aura d'autres traitements complémentaires et le geste chirurgical a été complet", conclut le Dr Enrica Bentivegna.

Dans un mois, cette patiente recevra trois autres chimiothérapies pour compléter cette chirurgie. Le résultat de l'essai clinique quant à lui, sera connu en 2033.