Habitez-vous sur un sol pollué ?

De nombreux sites sont pollués avec des dangers potentiels pour notre santé. Il n'est pour autant pas toujours facile d’obtenir des informations sur ces sols contaminés. Alors comment savoir si vous habitez sur un sol pollué ? C’est la question à laquelle tente de répondre notre spécialiste.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le

En allant sur le site du ministère : georisques.gouv, vous rentrez votre adresse et vous obtenez la fiche de tous les sites industriels anciens, pollués, ou potentiellemnt pollués, à côté de chez vous.

Le problème de ce site est que les données sont incomplètes et difficiles à comprendre. Il y a un inventaire de sites industriels à risque mais il n'est pas toujours précisément indiqué s’ils sont vraiment pollués ou pas, et encore moins s’ils comportent un risque ou non pour notre santé. Un rapport du Sénat a même pointé du doigt cette lacune et personne ne peut avoir de vision d’ensemble. Pourtant il existe des sites potentiellement pollués. 

Que trouve t-on sur ces sites ?

En France, en recoupant les données, les sols sont surtout pollués par les métaux lourds (cadmium, arsenic, cuivre, nickel etc.), puis par les hydrocarbures et leurs dérivés comme les solvants chlorés, et loin derrière par les pesticides divers et variés (à peu près les mêmes que ceux utilisés en agriculture) et les dérivés du benzène. 

La pollution des sols d’origine agricole

Les sols agricoles sont les grands oubliés, alors qu’ils peuvent être bien chargés, comme l'enquête du Monde en Face le révèle en Bretagne. Les sols agricoles peuvent être aussi contaminés par des métaux lourds comme les sols industriels. Par exemple le cadmium, retrouvé systématiquement dans les sacs d’engrais phosphatés. C'est la raison pour laquelle, le Nord et la Belgique, qui sont beaucoup phosphatés, sont pleins de cadmium. 

En Bretagne, il y a plutôt du zinc et du cuivre, parce que c'est l'alimentation des cochons. Ces deux métaux lourds sont ajoutés à la ration alimentaire.
Or, comme le porc les assimile très mal, ces deux métaux lourds se retrouvent dans les déjections, et puis dans le lisier, épandu sur des champs de maïs… lequel est mangé par les porcs. La concentration de zinc et de cuivre augmente année après année dans les sols bretons. 

Les pesticides sont également très présents. Une étude française publiée en novembre a montré que parmi 180 échantillons de sols ruraux (champs, haies, bosquets, prairies etc.), 100% étaient contaminés par au moins 1 pesticide. Pire, 92% des lombrics l’étaient aussi, en particulier par un néonicotinoïde

Les chercheurs estiment que cette pollution peut altérer toute la chaîne de dégradation de la matière organique, qui fabrique la fertilité des sols, dont les lombrics est un des maillons forts. 

Pollution industrielle-agricole, quels risques ? 

  • Pour les pesticides dans les sols, les taux sont faibles, (sans rapport avec les expositions directes des agriculteurs lors des épandages). 
  • Pour les métaux lourds, la toxicologie est en revanche bien connue.  

Il y a des dangers d’une pollution à l’amiante et le risque de mésothéliome, un cancer rare de la plèvre et du péritoine. Une contamination à petite dose, peut avoir des répercussions sur de longues années. Le cadmium est peut-être le pire des métaux lourds car il est très toxique, pour les reins et les os qui ramollissent en particulier, or il est très répandu, et souvent associé au zinc, un élément bien plus commun, qui passe facilement dans le corps car il se trouve naturellement dans nos cellules. Le zinc n’est pas très toxique, mais il rend plus toxique encore le cadmium. 

L’arsenic est aussi problématique, c'est le cas de la pollution qui frappe la vallée de l’Orbiel, dans l’Aude, où durant des décennies, de l’or a été extrait avec de l’arsenic. Une pollution des sols qui a gagné les rivières et la nappe et, qui a explosé lors des inondations d’octobre 2018 . Quand l’eau remue la terre et la vase, elle rend à nouveau disponible les polluants qui étaient cachés. 

Dans le passé, on estime que 70 ouvriers de l'usine aurifère seraient morts de cancers liés à l'arsenic. L'arsenic est très toxique pour la peau et les poumons. Aujourd’hui, une trentaine d'enfants ont des taux très supérieurs aux normes sanitaires, il y a de nombreux autres exemples. 

Comment se contamine-t-on  ? 

Dans les zones polluées, c’est souvent par les légumes que les gens se contaminent : la carotte, la laitue et les épinards accumulent le cadmium. Les choux ne sont pas gênés par le nickel, le maïs n’est pas dérangé par le zinc et la betterave aime le cuivre. En mangeant ces légumes, les personnes se contaminent… tout en décontaminant les sols .

Par contre, la patate et le poireau détestent les métaux lourds, donc si ça ne pousse pas, il faut se méfier.

Les personnes sont également contaminées par les poussières soufflées par le vent, et par les particules de sol ramenées à la maison sous les chaussures. Il y a l’eau des rivières et des nappes également qui finissent par être contaminées, parce que le sol bouge tout le temps à cause des animaux qui le remuent en permanence  et les polluants circulent.

Comment se débarrasser de ces polluants ? 

Il y a les techniques d’ingénieur, très chères pour décaper les sols, les nettoyer et remettre de la terre à la place. 

Même sur des sols très pollués comme les terrils ou dans les friches industrielles cela pousse. Les plantes accumulent les métaux lourds et de cette manière décontaminent les sols. Il faut les couper et les placer en décharge spéciale ou à l’incinération et attendre que cela repousse et recouper sans cesse.
Au bout de 50 ans, sur une ancienne friche industrielle vous pourrez faire pousser un immeuble sur un sol convenable... mais peut-être pas des légumes. On appelle cela la phytoremédiation, cela ne coûte rien, mais il faut du temps. 

Une autre grande source de métaux lourds qui retombent sur les sols  est l’incinération des morts, 4 % du mercure vient de là. Le corps comporte jusqu’à 5 % de métaux dans notre corps, dans nos cellules, dans nos bijoux, nos prothèses… et surtout nos amalgames dentaires

Assurez-vous donc au préalable que votre futur crématorium est bien équipé de filtres anti-mercure. Par contre, avec ou sans filtre, ne fumez pas car en terme d’exposition au risque, une cigarette, est un bon gros sol industriel bien pollué à elle toute seule !