Suarez, serial mordeur du football

En plein match de la Coupe du monde de football, au Brésil, l'Urugayen Luis Suarez a mordu l'épaule du défenseur transalpin Giorgio Chiellini ! Pour éclairer ce fait divers singulier, la rédaction d'Allodocteurs.fr a échangé avec Gilles Goetghebuer, rédacteur en chef de la revue Sport et Vie et chroniqueur au Magazine de la santé.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Pensez à bien nourrir vos joueurs avant un match de Coupe du monde. (cc-by-sa : Brian Minkoff-London Pixels)
Pensez à bien nourrir vos joueurs avant un match de Coupe du monde. (cc-by-sa : Brian Minkoff-London Pixels)
  • Comment explique-t-on qu'un joueur mondialement connu morde un autre joueur en pleine Coupe du monde de football ?

Gilles Goetghebuer : "Le sport peut parfois faire en sorte que le cerveau "bascule" sur ce que l'on appelle le cerveau reptilien, le cerveau primitif, c'est-à-dire sur des comportements qui échappent totalement à la raison, et qui sont guidés purement par l'instinct."

  • Est-ce que c'est là l'effet de l'adrénaline ? Ou bien de substances dopantes, excitantes, qui pourraient expliquer cet accès de rage ?

Gilles Goetghebuer : "En tout cas, on doit se poser la question ! Et le problème de la Coupe du monde, c'est que si il y a dopage, on n'est pas sûr que ça se sache, dans la mesure où les règles qui président à cette compétition font que les échantillons sanguins et urinaires qui sont récoltés au Brésil sont envoyés à Lausanne, en Suisse, pour être analysés ! Alors qu'on aurait pu utiliser des laboratoires plus proches... Celui de Rio n'est pas accrédité, donc on comprend que la FIFA ne l'ait pas retenu, mais il y en a un à Los Angeles et un à Montréal. Et c'est très important d'analyser des échantillons très vite parce que la durée compte dans la dégradation des métabolites des produits dopants. Là, le trajet prend deux ou trois jours. Or on sait que pour les micro-doses d'EPO, les traces disparaissent en l'espace de douze heures seulement. Donc les règles de la FIFA en matière d'antidopage sont quand même très laxistes par rapport à ce qui existe dans d'autres sports, comme par exemple le cyclisme."

  • Dans l'histoire du sport, ce n'est pas la première fois que l'on se retrouve avec des cas de morsures…

Gilles Goetghebuer : "Ça n'arrive pas très souvent, mais il y a des précédents. Il y a le cas célèbre de Mike Tyson dans son combat contre Evander Holyfield qui n'a pas mordu une fois, mais deux fois, à chaque oreille, et qui lui a enlevé un petit bout d'oreille, c'est dire la puissance que l'on peut avoir dans la mâchoire - d'autant plus que Tyson avait un protège-dent... Et dans le rugby, on a quelques scènes de joueurs qui ont arraché des bouts de joue à leur adversaire. Ça reste exceptionnel, mais ce n'est pas unique dans l'histoire du sport..."

  • Si morsure il y a, et morsure grave, ce n'est pas toujours simple de réparer… On connaît cela avec les morsures d'animaux.

Gilles Goetghebuer : "Dans la bouche, il y a tout un tas de germes qui font que la plaie peut s'infecter très facilement. De plus, ce ne sont pas des coupures très nettes, quand bien même on a les dents acérées ou proéminentes, ça ne fait pas des incisions très claires. Les chirurgiens doivent faire preuve d'habilité !"

  • Pour en finir avec ce cas Suarez, est-il déjà connu pour ce genre d'affaires ?

Gilles Goetghebuer : "Luis Suarez est coutumier du fait, puisqu'il a déjà mordu en Angleterre - il a pris dix matchs de suspension la saison précédente - et mordu précédemment lorsqu'il jouait en Hollande… C'est donc la troisième fois qu'il mord un adversaire !"

MISE A JOUR DU 26 JUIN 2014 - Selon une information du Monde.fr, Luis Suarez a été suspendu par la Fédération international de football (FIFA) "pour neuf matchs et pendant quatre mois, de toute activité liée au football".  Pour Claudio Sulser, le président de la commission disciplinaire de la FIFA, "un tel comportement ne peut être toléré sur aucun terrain de football, particulièrement pendant la Coupe du Monde".

 

 

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