Cancer : une nouvelle molécule contre les tumeurs résistantes

Une nouvelle molécule anticancéreuse et anti-métastatique a été découverte par des équipes du CNRS, de l'Inserm, du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et de l'Institut Curie. Cette molécule pourrait constituer une nouvelle stratégie pour traiter les tumeurs résistantes aux chimiothérapies conventionnelles.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Effet de Liminib sur les cellules cancéreuses. On observe de nombreux microtubules stabilisés en vert dans les cellules traitées par Liminib, ce qui l'empèche de bouger - © Lafanechère/CNRS
Effet de Liminib sur les cellules cancéreuses. On observe de nombreux microtubules stabilisés en vert dans les cellules traitées par Liminib, ce qui l'empèche de bouger - © Lafanechère/CNRS

- Effet de Liminib sur les cellules cancéreuses. On observe de nombreux microtubules stabilisés en vert dans les cellules traitées par Liminib, ce qui l'empèche de bouger -
© Lafanechère/CNRS

 

Au niveau cellulaire, le cancer se définit par deux phénomènes, la multiplication des cellules et leur mobilité, à l'origine des phénomènes métastatiques.

Appelée Liminib, la molécule découverte est un inhibiteur de la protéine LIM Kinase (LIMK). Dans les cancers agressifs, la LIMK est surexprimée et accentue la multiplication et la mutation des cellules tumorales.

Cette nouvelle molécule agit donc en bloquant la LIMK. Elle désorganise la machinerie cellulaire et réduit les capacités de reproduction et de migration des cellules de la tumeur.

Dans le rapport d'étude, les chercheurs montrent que la Liminib est toxique in vitro sur plusieurs lignées cellulaires cancéreuses, y compris sur des lignées résistantes aux chimiothérapies conventionnelles.

Ils l'ont également testée sur des souris malades, et ont obtenu des résultats encourageants : non seulement la nouvelle molécule a montré une bonne efficacité, mais elle a également été bien tolérée par les animaux.

"C'est un grand espoir, si on arrive à mener la molécule jusqu'aux essais cliniques sur l'homme, pour développer un traitement de seconde ligne", explique Laurence Lafanechère, chercheur au CNRS et auteur principal de l'étude.

Dans le cas d'un cancer résistant aux chimiothérapies conventionnelles, les cellules mettent en jeu des systèmes de rejets, un peu à l'image des bactéries résistantes aux antibiotiques. Avec cette nouvelle molécule, les chercheurs ciblent un nouveau mécanisme avec une molécule contre laquelle le cancer n'a jamais eu à lutter, ce qui est une stratégie intéressante pour s'affranchir de cette résistance.

Pour l'instant, il n'y a pas d'indice qui permette de dire si la Liminib est plus efficace pour traiter certains cancers par rapport à d'autres, mais il y a actuellement des études en cours pour déterminer si elle est efficace quelle que soit la tumeur. Pour l'heure, son utilisation est envisagée pour le traitement de tous types de cancers résistants aux chimiothérapies actuelles, mettant les patients en situation d'échec thérapeutique.

Cependant, "les études précliniques ne sont pas encore terminées", insiste Laurence Lafanechère. La molécule devra passer un grand nombre de test chez l'animal pour définir ses effets secondaires, tenter de les réduire, et affiner son mode d'administration. Cela devrait prendre 4 à 5 ans, selon les chercheurs, à la suite desquels les premiers essais cliniques chez l'homme pourraient commencer.

"Pour un vrai médicament, il faudra attendre au moins 10 ans", conclu Laurence Lafanechère.

Source : "Pharmacological Inhibition of LIM Kinase Stabilizes Microtubules and Inhibits Neoplastic Growth", Cancer Research, en ligne le 3 juillet 2012, à paraître en septembre 2012 en version papier. Doi : 10.1158/0008-5472.CAN-11-3342

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