Paralympiques : la polémique sur les prothèses relancée par Pistorius

Déception d'un champion déchu de son titre ou vrai problème d'équité, quoi qu'il en soit l'athlète sud-africain, Oscar Pistorius, a relancé la polémique sur les prothèses utilisées par les coureurs amputés, après sa défaite sur 200 mètres. Battu par Alan Oliveira, la star des Jeux paralympiques dénonce une course inéquitable.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Paralympiques : la polémique sur les prothèses relancée par Pistorius
Une prothèse carbone
Une prothèse carbone

Certains athlètes participant aux Jeux paralympiques sont-ils favorisés par leurs prothèses ? Pour Oscar Pistorius, surnommé "Blade Runner" (le coureur aux lames), la réponse est affirmative. Battu à la surprise générale sur 200 mètres par le brésilien Alan Oliveira, le coureur sud-africain dénonce une course inéquitable : "Je ne veux rien enlever à la performance d'Alan, c'est un grand athlète, mais ces gars sont beaucoup plus grands (à cause des prothèses), vous ne pouvez pas rivaliser avec la longueur de leurs enjambées", a-t-il confié à l'issue de la course.

La longueur des lames en carbone mise en cause

La grande star des Jeux paralympiques a mis en cause la longueur des lames en carbone portées par certains de ses concurrents, qu'il soupçonne de les favoriser. Des accusations qu'il n'avait pourtant pas portées lorsqu'il avait battu le record du monde de la distance en 21 secondes 30 lors des séries T44 (amputés des membres inférieurs).

Pour Craig Spence, directeur de la communication du Comité international paralympique (CIP), la polémique n'a pas lieu d'être : "Nous avons mis en place des règles depuis 2010 (…) Dans les compétitions internationales, nous mesurons les athlètes avant la course", a-t-il affirmé, avant d'ajouter : "La nuit dernière (dimanche soir) nous avons mesuré les huit athlètes par un contrôleur international et tous les huit étaient aptes à concourir". Avant chaque compétition, les instances paralympiques testent préalablement et avec précision les prothèses des athlètes afin de garantir l'équité.

Le Comité international paralympique fait la sourde oreille

Six semaines auparavant, Oscar Pistorius avait déjà fait part de ses doutes sur les longueurs des lames mais le CIP lui avait repondu qu'il n'y avait aucune infraction au réglement.

D'ailleurs pour Peter Van Der Vliet, directeur médical et scientifique du CIP, "le système est le meilleur possible". La longueur des prothèses est calculée à partir d'une formule complexe proportionnellement au corps des athlètes. Une formule mathématique "fondée sur la longueur de l'avant-bras du sportif et sur la distance qui sépare la poitrine (sternum) de l'extrémité du ou des moignons", explique Peter Van Der Vliet, avant de préciser : "le résultat est majoré de 3,5 %, de façon à compenser le fait que l'athlète amputé n'utilise pas ses orteils pour courir."

Si le système a été mis au point en concertation avec les athlètes, les entraîneurs et les fédérations, les polémiques autour des équipements ne sont pas rares : "La question des équipements techniques de même que l'élaboration des catégories de handicap, est un processus complexe en évolution constante, confie M. Van Der Vliet. Selon lui, il est impossible de comparer les lames ou les prothèses car "elles sont toutes uniques, fabriquées sur mesure".

Le temps des excuses

Les accusations d'Oscar Pistorius sont d'autant plus surprenantes qu'il avait lui-même été au cœur d'une controverse autour de sa participation aux Jeux olympiques avec les athlètes valides.

Après avoir essuyé un refus de la fédération internationale d'athlétisme (IAAF) avant les JO de Pékin qui avait estimé que ses prothèses le favorisaient par rapport aux valides, le coureur sud-africain avait dû mener une longue bataille pour enfin être qualifié pour les JO de Londres. Né sans péronés et amputé des deux jambes à onze mois, Oscar Pistorius avait alors concouru pour la première fois aux côtés d'athlètes valides en août 2012. Il avait atteint les demi-finales du 400 mètres et la finale du relais 4 fois 400 mètres.

Ce lundi 3 septembre 2012, Oscar Pistorius a tenu à s'excuser pour ses propos : "Je ne souhaite jamais assombrir cet instant où un athlète triomphe et je souhaite présenter mes excuses pour le moment que j'ai choisi pour faire mes commentaires."

Si le champion sud-africain reconnaît avoir soulevé un débat à un moment "inapproprié", il réaffirme toutefois qu'il existe bien "un problème" avec les prothèses. En réponse, le CIP a accepté de rencontrer l'athlète "dans les jours à venir" lors d'une réunion organisée "loin de l'émotion du stade", a précisé le responsable de la communication du Comité, Craig Spence.

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L'athlète français Clavel Kayitaré, a fini sixième de la finale du 200 mètres alors qu'il visait l'or ce samedi aux Jeux paralympiques. Handicapé à une jambe mais sans prothèse, il s'estime lui aussi désavantagé par rapport à ses adversaires qui portent des prothèses ultra-performantes. "Mes deux jambes ne sont pas des ressorts", a-t-il déclaré avec un brin d'ironie à l'issue de la course.