Ostéochondrite de la hanche, attention aux enfants

L'ostéochondrite de la hanche affecte près d'un garçon sur 750. Les causes de cette maladie sont mystérieuses mais il s'agit d'un défaut de croissance osseuse chez l'enfant. Elle survient en général entre 6 et 7 ans.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Ostéochondrite de la hanche, attention aux enfants
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Un enfant qui se met à boiter sans raison, une démarche difficile et douloureuse, c'est souvent de cette manière que débute une ostéochondrite de la hanche, aussi appelée maladie de Legg-Perthes-Calvé (du nom des médecins qui l'ont décrite). Cette maladie touche environ 1 enfant sur 2.000, principalement les garçons (quatre garçons pour une fille). L'ostéochondrite de la hanche est découverte en moyenne entre 6 et 9 ans mais la maladie peut survenir de 2 à 12 ans.

La hanche est l'articulation qui relie le bassin à chaque membre inférieur. Elle permet au membre de bouger par rapport au haut du corps et ainsi de marcher. La hanche est constituée de la partie haute de l'os de la cuisse, ce qu'on appelle la tête du fémur, qui s’emboîte parfaitement dans une cavité du bassin appelée cotyle.

Comme tous les tissus, les cellules de l'os ont besoin d'être irriguées. Sans que l'on sache vraiment pourquoi, chez certains enfants, la vascularisation de la tête du fémur s'arrête brusquement. Résultat : l'os privé de sang va mourir progressivement, c'est ce qu'on appelle la nécrose. Dans 10 à 15% des cas, les deux têtes fémorales sont touchées. L'enfant va donc se mettre à boiter, de manière répétée et douloureuse. La douleur habituellement localisée à la hanche est parfois projetée à la cuisse ou au genou. La tête du fémur perd de sa rondeur à la radio, du fait des tissus osseux détruits. 

Quelle évolution ?

Cette maladie va guérir spontanément mais elle va évoluer suivant plusieurs phases. La phase de nécrose, qui provoque une hanche enflammée, raide et douloureuse, dure de quelques mois à un an. Ce n'est que la première étape de l'ostéochondrite qui évolue sur plusieurs mois. 

Au fil des semaines, l'os se ramollit et se fragmente, tandis que le corps absorbe l'os mort et commence à en former un nouveau : c'est la phase de fragmentation. La tête du fémur est molle et s'aplatit notamment lors des activités. La boîterie est fréquente. cette phase peut durer d'1 à 3 ans. D'où l'intérêt d'une prise en charge adaptée.

Des vaisseaux sanguins reviennent petit à petit alimenter la tête du fémur en sang, l'os se revascularise. La phase de reconstruction est caractérisée par le fait que l'os se reconstruit progressivement, la tête du fémur commence à durcir et se remodèle à nouveau en une forme ronde. Cette phase de réossification dure de 1 à 3 ans et se termine par une phase de guérison, où l'os a complètement repoussé et poursuit son évolution jusqu'à la fin de la croissance.

Le processus est très long et si pendant cette phase de réparation, le nouvel os n'est pas protégé, il va se déformer. Le diagnostic de l'ostéochrondrite de hanche se pose grâce à la radiographie et à l'IRM.

Quels traitements possibles ?

L'ostéochondrite évolue en partie vers la guérison, mais au prix d'un traitement orthopédique très long, qui commence toujours par une période d'immobilisation le temps que l'os se reconstruise. Le but est alors de décharger la hanche du poids du corps et assouplir l'articulation pour éviter qu'elle ne s'use anormalement.

En fonction de l'atteinte, la prise en charge fait appel à différentes options : une restriction des activités, le traitement de la douleur, l'utilisation de béquilles ou d'un fauteuil roulant pour réduire le poids sur l'articulation, une traction, la kinésithérapie ou encore la chirurgie.

Chez les enfants qui ont moins de six ans, huit fois sur dix, le traitement orthopédique est suffisant. 

La chirurgie à la rescousse

Il n'existe aucun médicament pour soigner l'ostéochondrite. La seule solution est d'ordre mécanique, elle consiste à limiter les déformations de la tête fémorale.

Pour cela, les enfants sont immobilisés en position allongée pendant des semaines afin que la tête du fémur ait le temps de se solidifier à nouveau. Il arrive toutefois que la déformation soit trop prononcée. Mais lorsque la tête du fémur est très déformée, il est nécessaire d'intervenir chirurgicalement. Cela ne signifie pas que la rééducation a échoué, elle est dans tous les cas nécessaire pour assouplir la hanche. Quand l'opération devient indispensable, elle consiste à replacer la tête fémorale en bonne position dans le cotyle de la hanche. Pour cela, les chirurgiens peuvent agir directement sur l'os du fémur de deux manières : soit en le retaillant soit en agissant directement sur la position du bassin, c'est le plus fréquent.

S'il existe plusieurs techniques chirurgicales, elles ont toutes le même objectif : faire en sorte que cette articulation fonctionne de nouveau en permettant à la tête fémorale de se développer, en épousant parfaitement le creux du cotyle au niveau de la hanche.

L'intervention est systématiquement pratiquée chez les enfants dont la plaque de croissance au niveau de la tête fémorale commence à être ossifié entre 7 et 9 ans, ou lorsque la tête fémorale présente une déformation importante.

L'ostéochondrite de la hanche est une maladie bénigne mais le traitement est très long, il faut compter en moyenne entre 12 et 18 mois. Dans tous les cas, il faut bien surveiller l'évolution de cette articulation car le remodelage de la tête fémorale peut durer plusieurs années. Si elle ne devient pas parfaitement sphérique, à l'âge adulte, il y a un risque d'arthrose précoce de la hanche c'est-à-dire que le cartilage qui protège les surfaces articulaires est détruit. Une prise en charge précoce et continue, ainsi qu'un suivi régulier diminuent ce risque.

Et à l'âge adulte ?

La prise en charge de l'ostéochondrite n'est jamais anodine. Elle impose souvent de longs mois d'hospitalisation. Mais si le traitement est pratiqué assez tôt, la plupart des enfants retrouvent une marche normale et peuvent ensuite pratiquer le sport de leur choix.

À l'âge adulte, dans 60% des cas, il peut persister une déformation, une raideur articulaire, une différence de longueur entre les deux jambes ou précocément une arthrose de la hanche. Si la gêne est trop importante, une autre intervention chirurgicale peut être préconisée. Réservée à l'adulte, cette opération consiste à remplacer la tête fémorale par une prothèse.