Cancer : un avatar pour guérir

Implanter la tumeur d'un patient à une souris, pour simuler le meilleur traitement possible. C'est ce que propose une firme américaine, qui met à disposition du malade du cancer des avatars médicaux. 

Setti Dali
Rédigé le
Cancer : un avatar pour guérir

Une belle histoire comme les Américains aiment à les raconter. Celle de Dean, 63 ans, atteint d'une tumeur au pancréas. L'opération n'en vient pas à bout. Dean semble incurable. Heureusement, l'homme a peut-être trouvé son sauveur… dans une souris ! Une clinique propose à Dean de greffer des tissus tumoraux sur une souris, privée de défense immunitaire, afin de créer un modèle personnalisé du malade. Ainsi, les médecins peuvent utiliser la souris comme cobaye, et tester sur elle le meilleur traitement possible. Et cela a marché. Dean, qui n'avait que quelques mois de survie, a vécu 5 ans sans être malade.

Des histoires comme celle-là, la clinique en poste régulièrement sur son site. Il faut dire que la modestie n'étouffe pas l'établissement qui se présente sous le nom de "Champions du cancer" (Champions Oncology).

Tester sans risque

L'idée est de créer des avatars du patient afin de tester sans risque toutes les combinaisons possibles de médicaments. Dean, par exemple, a guéri grâce à un traitement vieux d'un demi siècle, et peu utilisé aux Etats-Unis : la mitomycine C.

Ainsi, l'avatar du malade pourrait multiplier les chances de guérison. Cela donne en effet, la possibilité aux équipes médicales d'essayer plusieurs combinaisons et de faire des erreurs, avant même de commencer le traitement.

Champions Oncology se targue d'avoir ainsi guéri une soixantaine de patients. "Nous n'avons connu que trois échecs", précise la direction de l'établissement privé. À condition d'ignorer les cinquante autres malades décédés avant que leurs avatars ne soient prêts. Il faut en effet, 8 à 10 mois aux équipes pour créer des cobayes. Or, les malades qui ont recours à ce type d'expérience n'ont souvent plus rien à perdre. Leur cancer est bien souvent de très mauvais pronostic et d'évolution rapide.

Une méthode coûteuse

Un avatar pour se soigner. Voilà une idée que seuls les riches pourraient se permettre de réaliser. Certes, la clinique n'affiche pas ses tarifs qui varient d'un patient à l'autre car chaque malade est unique, tout comme sa tumeur. C'est d'ailleurs le slogan de la clinique : "trouver le bon patient et le bon traitement". Mais l'avatar est un luxe : dans une interview au Temps, un journal suisse, le directeur de la clinique confiait qu'il fallait débourser près de 20 000 euros pour créer une cohorte de cobayes et tester 4 à 5 traitements sur eux. Le tout au frais du malade bien sûr !

Un espoir pour la recherche

Ces avatars médicaux pourraient bien devenir à terme un outil inespéré pour la médecine personnalisée. Certes, le concept résonne un peu comme un bon film de science-fiction. Mais avant de prendre ses rêves pour la réalité, il y a de nombreuses barrières éthiques et financières à franchir. Qui financera ces avatars : l'Etat ou le patient ? Si l'avatar permet de vivre plus longtemps et en bonne santé, jusqu'où pourra-t-on en abuser ?

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