Que faire après un rapport à risque ?

Un rapport sans préservatif ou le préservatif qui craque ou qui glisse, une fellation sans protection… De nombreuses situations font courir le risque d'infections sexuellement transmissibles. Au bout de combien de temps peut-on être certain de ne pas avoir été contaminé ? Comment réagir en cas de rapport à risque ?

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le


Le VIH, l'hépatite B et la syphilis sont des infections sexuellement transmissibles que l'on détecte dans le sang. L'hépatite C n'est pas considérée comme une IST puisqu'elle se transmet par le sang ; elle peut toutefois, en cas de plaies sur les organes génitaux, de règles, ou de pratiques violentes faisant saigner, se transmettre lors d un rapport sexuel.

"On conseille d'attendre 3 mois après le rapport à risque pour être certain de couvrir toutes ces infections", explique le Dr Eric Maugée, dermatologue-vénérologue.

Le VIH

Le VIH, l'affection la plus redoutée de ceux qui ont pris un risque, peut être diagnostiqué plus tôt : "avec les tests de quatrième génération, on a des résultats totalement sûrs à six semaines, détaille-t-il. Il s'agit de tests combinés qui dosent à la fois l'antigène T24 et les anticorps.". Le Dr Jean-Marc Bohbot, directeur de l'Institut Fournier, ajoute que "ces test de dernière génération VIH sont disponibles dans tous les laboratoires et particulièrement dans les centres de dépistage."

Les tests rapides d'orientation diagnostique, les TROD, ne sont fiables que plus tard : "il faut attendre trois mois pour être certain de ne pas être contaminé",  précise le dermatologue.

"Le dépistage des IST est indispensable en cas de rapports à risque, avec chez l'homme une recherche de gonocoques et Chlamydia sur le premier jet d'urines, et chez la femme,  une recherche de gonocoques et Chlamyd par auto-prélèvement vestibulaire (la femme se fait le prélèvement vaginal elle-même avec un écouvillon qu'elle fait pénétrer dans son vagin sur 2 ou 3 cms)."

Précision : une fellation effectuée sans préservatif est un rapport à risque, même sans éjaculation (le liquide séminal peut en effet contenir le virus).

Direction les Urgences après un rapport à risque 

Le Dr Maugée rappelle la conduite à tenir après un rapport à risque : "il faut se rendre le plus tôt possible aux Urgences de n'importe quel hôpital ou dans un centre de dermatologie-vénéréologie (dispensaire), et au plus tard dans les 48 heures… Un traitement post-exposition, une trithérapie contre le VIH, est alors prescrit durant un mois pour diminuer le risque de contamination. Une sérologie de contrôle sera faite 1 mois après l'arrêt du traitement et une nouvelle sérologie sera faite 4 mois après le rapport à risque (la prise du traitement peut interférer donc la prise de sang est faite 3 mois après son arrêt). Le dermatologue rappelle qu'il s'agit d'un droit et que le traitement ne peut pas être refusé.

Les hépatites

"L'hépatite B se positive dans le sang entre le 10e et 20e jour, explique le Dr Hélène Pillant-Le Moult, hépato-gastro-entérologue. Au bout d'un mois, si la prise de sang ne détecte rien, c'est bon : on peut être rassuré." En revanche, si une infection est détectée, il faut savoir que dans 90% des cas, on guérit spontanément dans les deux à trois mois, mais on est contagieux tant que le virus est présent dans le sang. Dans les 10% restant, l'infection devient chronique.

"L'hépatite C ne fait pas partie du bilan systématique, mais comme elle est très mal dépistée, autant en profiter pour la rechercher", précise-t-elle.

Quelles autres IST dépister ?

La syphilis est une IST en recrudescence, qui comme le VIH peut se transmettre au cours d'une fellation ; au début, elle se manifeste par un "chancre", un abcès au niveau des organes génitaux, qui amènera à pratiquer une prise de sang. "Elle se positive dans le sang sept jours après l'apparition du chancre, la première manifestation cutanée, développe le Dr Maugée, donc environ un mois après le rapport, avec les tests précoces."

Si elle n'est pas diagnostiquée ou traitée à ce moment-là, elle évolue vers une phase dite secondaire avec des éruptions sur la peau et les muqueuses, parfois accompagnées de fièvre, d'amaigrissement ou d'atteinte osseuse, articulaire, neurologique.  En l'absence de traitement, la phase tertiaire se développe quelques années plus tard.

"Eventuellement, on peut rechercher le chlamydia, faire un test urinaire chez les hommes et  un prélèvement chez les femmes, complète le dermatologue, Pour les autres IST, c'est suivant la clinique…"

Il est donc recommandé de consulter rapidement en cas de démangeaisons, de pertes vaginales, de brûlures, d'écoulement par le pénis ou encore de rougeurs et d'éruption de boutons sur les organes génitaux et l'anus.

Enfin, le risque de grossesse existe en absence d'autre contraception. Un test doit être effectué en cas de retard de règles, de règles qui diffèrent des règles habituelles, il peut être effectué 21 jours après le rapport à risque (@ savoir, le test peut être se positiver plus tôt, au bout de 15 jours, mais le risque de faux négatif est plus grand).