Comment l'hôpital choisit ses médicaments

En France, plus de 10.000 médicaments sont disponibles en ville. Les pharmacies hospitalières, qui ne peuvent en stocker autant, doivent donc faire des choix. Et pour qu'un médicament entre à l'hôpital, le processus est complexe.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Lorsqu'un médecin prescrit un traitement, il rédige obligatoirement une ordonnance. Mais si les médicaments sont délivrés par la pharmacie d'un hôpital, pour un patient hospitalisé, le choix est plus limité qu'en ville.

Dans la pharmacie de l'hôpital Henri Mondor de Créteil, il y a un peu plus 2.000 références soit environ un quart du nombre de médicaments disponibles en ville. Lorsqu'un médecin prescrit un médicament qui ne fait pas partie des références disponibles, les pharmaciens de l'hôpital qui reçoivent et vérifient l'ordonnance proposent un équivalent. Pour certains médicaments comme les anticancéreux, le médecin prescrit en DCI, dénomination commune internationale. Il n'inscrit que le nom de la molécule sur l'ordonnance.

Avant d'entrer à l'hôpital, un médicament doit obtenir une autorisation de mise sur le marché en France, délivrée par l'Agence du médicament. Il doit ensuite être inscrit par le ministère de la Santé sur la liste des médicaments remboursables. Enfin, la commission du médicament et des dispositifs médicaux stériles de chaque hôpital décide ou non de le faire entrer dans l'établissement.

En Île-de-France, les hôpitaux de l'AP-HP achètent leurs médicaments tous ensemble par l'intermédiaire d'une agence dédiée, l'AGEPS (Agence générale des équipements et produits de santé) : "Dans un certain nombre de cas, il peut y avoir concurrence entre plusieurs molécules. Soit parce que la molécule a perdu son brevet et dans ce cas, il existe des médicaments génériques qui sont des copies de cette molécules de référence. Soit parce que la commission du médicament et des dispositifs médicaux stériles a estimé que différentes molécules étaient équivalentes entre elles d'un point de vue thérapeutique. Dans tous ces cas, la manière dont on achète ces molécules pour l'hôpital va passer par un appel d'offres", explique Claire Biot, directrice de l'AGEPS.

Lorsqu'ils vendent leurs médicaments à une pharmacie hospitalière, les laboratoires peuvent librement fixer leurs prix. Et comme l'AP-HP est un des plus gros acheteurs en Europe, ils ont intérêt à leur proposer des tarifs attractifs. Ensuite, pour choisir entre plusieurs produits similaires, un générique ou le princeps par exemple, une commission composée de professionnels de santé étudie les dossiers selon des critères stricts, différents d'un produit à l'autre. Mais la commission n'évalue pas le médicament en lui-même.

Pour veiller à l'impartialité des décisions, les membres des commissions d'évaluation des médicaments doivent déclarer leurs éventuels conflits d'intérêt et se retirer si leur jugement risque d'être biaisé.