Implants défectueux : « Ça fait tellement mal que je ne peux pas m’asseoir »

L’Agence du médicament a auditionné aujourd’hui des professionnels de santé et des patientes pour évaluer les risques des implants vaginaux utilisés dans le traitement du prolapsus et de l’incontinence urinaire.  Nous avons recueilli le témoignage d'une victime de ces implants.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Depuis un an et demi, Stéphanie Néplaz reste debout le plus longtemps possible car dès qu’elle est assise, elle ressent de fortes douleurs dans le bas du dos. « Ça fait tellement mal que c’est insupportable même avec les cachets, même avec les traitements qui sont adaptés à ces douleurs-là. Ça ne soulage pas. Je ne peux pas m’asseoir. Donc, je vis debout ou allongée », explique-t-elle.

Après un accouchement difficile, cette mère de famille a commencé à souffrir d’incontinence urinaire. Un chirurgien lui pose alors une bandelette sous l’urètre pour éviter les fuites. Cet implant passe entre les os du bassin, au milieu de nombreux muscles et nerfs. Mais, très vite, le corps de Stéphanie le rejette. « Tout le corps réagit à la bandelette comme une inflammation globale de tout le bassin », explique Stéphanie. Pour mettre un terme à cette inflammation, il faudrait pouvoir enlever la bandelette. Mais, elle n’a pas été conçue pour. Stéphanie est en arrêt maladie depuis un an et demi.   

Cette patiente n’est pas la seule à souffrir après la pose d’un dispositif médical. Il y a déjà eu un précédent en 2017. Un scandale mondial autour de la Prolift, une prothèse pour lutter contre le prolapsus, la descente d’organes. Des milliers de patientes dans le monde ont porté plainte. Et le laboratoire a même arrêté de la commercialiser.

En novembre dernier, le scandale prend encore de l’ampleur. Un consortium international de journalistes d’investigation pointent cette fois-ci le manque de contrôle des implants. En France, par exemple, il n’existe aucun chiffre officiel sur le nombre de patientes souffrant de complications après la pose d’une bandelette ou d’un implant vaginal. C’est pourtant ce que réclament les gynécologues depuis des années. Pr Hervé Fernandez, gynécologue obstétricien à l’hôpital Bicêtre (AP-HP) regrette l’absence pendant des années d’un système simple de signalement et de recensement des effets secondaires constatés par les chirurgiens

C’est maintenant à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm) de trancher. Faut-il interdire tous les implants vaginaux ? Doit-on mieux encadrer les chirurgiens qui les posent ? Depuis cet été, le Royaume-Uni et l’Irlande ont décidé de restreindre leur utilisation en attendant d’en savoir plus sur les risques.