La France prescrit-elle trop de médicaments aux jeunes enfants ?

En France, les enfants se voient prescrire davantage de médicaments que ceux des autres pays, en particulier les moins de six ans, met en garde une étude de l’institut de recherche Inserm.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Vadym Sh / Shutterstock

"La France est un des pays les plus prescripteurs de médicaments en pédiatrie ambulatoire (hors hôpital, ndlr)". C’est la conclusion d’une étude que l’institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) publie le 12 juillet dans la revue scientifique The Lancet Regional Health Europe.

Une prescription par an pour 86% des mineurs

L’étude a comparé la base des données de remboursement par la Sécurité sociale en 2018-2019 et en 2010-2011 chez les moins de 18 ans, hors hospitalisations. Il s’agissait des médicaments prescrits par un médecin, une sage-femme ou un dentiste. Au total, pour 2018-2019, plus de 230 millions de dispensations de médicaments ont été analysées.

Sur cette période, "en moyenne, 86 enfants de moins de 18 ans sur 100 ont été exposés à au moins une prescription médicamenteuse au cours d'une année" rapporte un communiqué de l'institut. Ce qui représente "une augmentation de 4% par rapport à 2010-2011", selon l'Inserm.

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Analgésiques, corticoïdes, vitamine D…

De quels médicaments s’agit-il ? En premier lieu des analgésiques, c’est-à-dire des médicaments contre les douleurs : 64% des mineurs en ont reçu.

Viennent ensuite les antibiotiques (40%), les corticoïdes par voie nasale (33%), la vitamine D (30%), les anti-inflammatoires non stéroïdiens (24%), les antihistaminiques (25%) et les corticoïdes par voie orale (21%).

Un risque d’effets indésirables

Les jeunes patients les plus concernés par ces prescriptions sont les enfants "de moins de six ans" puisque 97% d’entre eux étaient concernés par une prescription médicamenteuse annuelle.

Et cela pose problème, car "les enfants les plus jeunes sont particulièrement vulnérables aux effets indésirables à court et à long termes des médicaments" note l’Inserm.

De plus, le "profil de sécurité", c’est-à-dire les éventuels risques et effets indésirables de nombreux médicaments utilisés en pédiatrie "n'est que partiellement connu", ajoute l’institut.

Une différence culturelle

Et lorsque l’Inserm compare ces chiffres à ceux d’autres pays à économie avancée, la France occupe la première place : la prescription de corticoïdes oraux est cinq à 20 fois plus élevée en France que pour des enfants américains ou norvégiens, celle des antibiotiques cinq fois plus élevée en France qu’aux Pays-Bas.

Une différence culturelle, qui s’explique notamment par "l'image positive qui est associée aux médicaments en France, tant dans la population que parmi les prescripteurs", selon les chercheurs de l’Inserm.

Mieux informer pour moins prescrire

Mais attention : l’institut appelle à faire preuve de prudence pour ce type de comparaison, car "les systèmes de santé et les politiques de remboursement des médicaments diffèrent entre les pays".

Ensuite, ces résultats nécessitent "des analyses détaillées pour mieux cibler les futures campagnes de formation (afin) d'optimiser l'usage des médicaments en pédiatrie", avance dans le communiqué la docteure Marion Taine, co-autrice de l’étude.

Quoi qu’il en soit, "une meilleure information de la population et des prescripteurs vis-à-vis de l'usage des médicaments chez l'enfant est indispensable", insiste-t-elle.