Quelle solution pour les malades chroniques sans médecin traitant ?

700 000 personnes souffrent d’une affection de longue durée et n’ont pas de médecin traitant. Mais alors que le nombre de patients augmente, le nombre de médecins généralistes, lui, ne cesse de diminuer. Reportage.

Clémentine Louise
Rédigé le
Vivre avec une affection longue durée sans médecin traitant
Vivre avec une affection longue durée sans médecin traitant  —  Le Mag de la Santé - France 5

Sandrine est diabétique de type 2, une pathologie reconnue comme une affection de longue durée (ALD). Depuis un an et demi, elle cherche désespérément un médecin traitant.

Quand elle en trouve enfin un, c'est un petit miracle après des mois d’angoisse et d’incertitude, à imaginer le pire. "Je suis un peu inquiète quand même, ça fait un an que je n'ai pas vraiment fait d'analyse pour le diabète et je ne suis pas suivie. Il y a des signes qui montrent que ce n'est pas top. J'ai beaucoup baissé en acuité visuelle ces trois ou quatre derniers mois", explique Sandrine.

700 000 personnes sans médecins traitants

Sandrine est loin d’être un cas isolé. Comme elle, 700 000 personnes en affection de longue durée n’ont pas de médecins traitants. Le ministre de la Santé, François Braun, a récemment annoncé une mesure pour trouver une solution à ces patients en mal de médecins.

"J'ai lancé avec l'Assurance maladie et la Sécurité sociale un grand plan. Tous ces patients dans ce cas-là vont être contactés individuellement par l'Assurance maladie pour voir s'ils voient un médecin régulièrement et s'ils n'en ont pas, on va leur en trouver un en lien avec les médecins des territoires. Il y aura des solutions adaptées à chaque territoire", affirmait François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention le 23 mars dernier.

"Qui va les soigner si les collègues partent ?"

C'est loin d’être une solution pour le syndicat des médecins généralistes qui déplore le manque de praticiens pour que le dispositif fonctionne."Ils peuvent toujours contacter les patients, mais qui va les soigner si les collègues partent ?" s'interroge Agnès Giannotti, présidente de MG-France. 

"Après des journées de 55 h de travail par semaine, on n'en peut plus, on n'y arrive tout simplement plus. Quand nos organisations tombent parce qu'en surchauffe, ça ne peut pas durer comme ça, on a besoin de renforts. Il y a des choix politiques à faire et ceux qui ont été faits pour l'instant, ne correspondent pas aux besoins de santé publique", poursuit-elle.

Face à la détresse de nombreux patients, des praticiens du CHR de Vierzon se sont portés volontaires pour proposer des consultations en plus de leur travail à l’hôpital. À 72 ans, Alain est en affection de longue durée suite à un cancer de la prostate. Alors voir enfin un médecin est pour lui un vrai soulagement.

Une pression supplémentaire pour les médecins

Mais si le centre est une véritable bénédiction pour bien des patients comme Alain, c’est aussi une pression supplémentaire pour les praticiens qui se rajoutent cette mission en plus de leur travail à l’hôpital. "C'était déjà difficile avec la mission qu'on avait pour prendre en charge les patients hospitalisés, mais cette fois-ci, faire de la médecine générale en plus, ça fait beaucoup de travail", explique le Dr Jonas Agbodjan, médecin généraliste à Vierzon.

Beaucoup de travail pour de moins en moins de généralistes. À l’inverse, le nombre de personnes en affection de longue durée et sans médecins ne cesse d’augmenter. 700 000 aujourd’hui, mais combien demain ?