Prostate : une biopsie moins risquée par voie transpérinéale

Aujourd'hui une avancée technique et technologique permet de réaliser une biopsie de la prostate de manière plus précise et sécurisée. En France le cancer de la prostate se place au 1er rang des cancers en termes d'incidence, tous cancers confondus.

Adèle Le Canu
Rédigé le
Prostate : une biopsie moins risquée
Prostate : une biopsie moins risquée par voie transpérinéale  —  Le Magazine de la Santé

Pour vérifier la présence d’un possible cancer, le Dr Messas s’apprête à prélever quelques tissus de la prostate de ce patient. C’est ce qui est appelé biopsie.

L’urologue n’applique pas la méthode habituellement utilisée en France. Il ne souhaite pas passer l’aiguille à travers le rectum, car ce procédé n’est pas sans risques.

Analyser des fragments de prostate

"L’antibiotique qu’on donne avant les biopsies transrectales fonctionnait bien. Mais maintenant on a plus d’infections parce que les bactéries deviennent de plus en plus résistantes aux antibiotiques", explique le Dr Aurel Messas, chirurgien-urologue.

Ce risque d’infection peut atteindre 17,5 % si les biopsies sont répétées. Le médecin a donc opté pour une autre méthode , la biopsie par voie transpérinéale. 

"L’aiguille ne passe plus par le rectum, elle passe par la peau du périnée, cette zone est située entre les bourses et l’anus, qu’on a préalablement désinfecté avec de la Bétadine comme on le fait dans tout acte chirurgical. Il n’y a donc plus aucune contamination septique de l’aiguille", commente le Dr Aurel Messas.

Après une anesthésie locale, le chirurgien place dans le rectum la sonde échographique qui le guidera pendant le prélèvement.

"Dans l’échographie, à l’intérieur de la prostate, on ne voit rien d’intéressant, tout est gris foncé, on ne serait pas capable de voir une lésion", commente le Dr Aurel Messas.

Fusionner les images de l'IRM

Jusqu’à présent seule l’échographie guidait le médecin, ce qui rendait la technique peu fiable. Mais grâce à cet appareil, il peut désormais combiner cette image à celle de l’IRM du patient, bien plus précise. La prostate et la lésion suspecte apparaissent alors en 3D. 

"On représente sur cette image comme l’a indiqué le radiologue, l’emplacement de la zone suspecte, donc en superposant les contours de IRM et de l’échographie, on va arriver à faire ce qu’on appelle la fusion d’image", montre le Dr Aurel Messas.

Grâce à cette fusion, le médecin va pouvoir faire apparaître la modélisation de la prostate sur l’échographie. La possible tumeur est alors localisée avec précision. C’est une avancée considérable.  

"Avant on allait au hasard dans la prostate. Vous voyez le volume que représente la prostate ici. Il y avait quand même un fort risque, même en faisant 12 prélèvements, qu’on n’ait aucun prélèvement qui se trouve dans cette petite bille", confie le Dr Aurel Messas.

Une technique encore peu utilisée

Le Dr Messas est prêt, la biopsie peut commencer. Ces prélèvements seront analysés en laboratoire pour poser le diagnostic.

"On a 3  biopsies qui sont dans la cible et puis on a fait quelques biopsies autour d’elles pour être rassuré"
, conclut le Dr Aurel Messas.

C’est une technique encore rarement utilisée, faute d'investissement ou de formation suffisante des praticiens. Seules 3 % des biopsies en France sont aujourd'hui réalisées de cette manière.