Pourquoi le risque de DMLA diminue-t-il ?

L'incidence de la Dégénérescence Maculaire Liée à l'Âge, première cause de malvoyance chez les plus de 50 ans est en diminution. Les explications du Pr Françoise Forette, médecin interniste gériatre.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
"Peut-on vaincre la DMLA ?", chronique du Pr Françoise Forette du 4 décembre 2017
"Peut-on vaincre la DMLA ?", chronique du Pr Françoise Forette du 4 décembre 2017

Bonne nouvelle sur le front de la DMLA ou dégénérescence maculaire liée à l'âge. L'incidence de cette maladie, l'une des grandes causes de baisse de vision sévère, voire de cécité, que l'on peut observer en vieillissant, est en diminution.

On distingue deux formes de DMLA :

  • la forme atrophique ou sèche qui évolue lentement et inéluctablement vers la perte de vision, pour laquelle il n'existe aucun de traitement
  • la forme humide qui évolue beaucoup plus vite mais pour laquelle il existe des traitements très coûteux partiellement efficaces.

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Diminution de l'incidence de la DMLA au fil des années

Une étude, parue en novembre 2017 dans le JAMA Ophtalmology, sur environ 5.000 sujets a évalué les différences d'incidence de la DMLA entre les différentes générations. L'incidence en cinq ans, pour chaque génération était de :

  • 8,8% pour la génération née entre 1901 et 1924
  • 3% pour la génération née entre 1925 et 1945
  • 1% chez les baby boomers, 1946-1954
  • 0,3% pour la génération X née entre 1965 et 1984
     

La réduction est impressionnante. L'effet générationnel reste significatif quand on ajuste les résultats sur l'âge, le sexe, le tabagisme, l'exercice physique, certains composants lipidiques, les critères d'inflammation, l'usage d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), de statines et de multi-vitamines.

Pourquoi tant de différence entre les générations ?

Ce déclin peut être comparé à celui observé pour les maladies cardiovasculaires, la maladie d'Alzheimer et les autres démences. Comme le souligne l'éditorial lié à l'étude, la réduction des facteurs de risque liés au style de vie explique en partie ce déclin, en dépit de l'ajustement nécessairement incomplet fait sur ces facteurs de risque.

L'amélioration de l'hygiène générale, particulièrement de l'hygiène buccale, peut être invoquée. Le microbiome peridental a en effet des liens étroits avec la maladie d'Alzheimer, les maladies cardiovasculaires et la DMLA, par activation de phénomènes inflammatoires chroniques. Le rôle de l'inflammation et des phénomènes infections chroniques sur l'émergence des maladies liées à l'âge n'est encore pas complètement évalué.

Un environnement plus protecteur

Grâce à un meilleur environnement, l'état de santé des populations s'améliore. Les nouvelles générations vivent dans un environnement plus sain, avec un meilleur assainissement (eau, air...), l'accès aux vaccins et aux antibiotiques qui ont fait diminuer les infections, une alimentation plus saine moins pro-inflammatoire, la diminution (relative en France) du tabagisme, la prise de conscience du danger de la sédentarité, une meilleure prise en charge de facteurs de risque cardiovasculaires. Beaucoup d'indicateurs (pas tous) sont au vert en France, comparé aux Etats-Unis minés par la progression de l'obésité.

Le recul de la DMLA est en tout cas une très bonne nouvelle, notamment pour les personnes qui ne seront pas atteintes de cette maladie très pénible à supporter alors qu'elles auraient pu l'être si elles avaient appartenu à une génération précédente. Il s'agit d'un grand espoir pour les plus jeunes. Et cela souligne encore le rôle de la prévention au sens large, qui va des progrès de l'environnement à la certitude que chacun d'entre nous peut, en partie, maîtriser son destin.