Mieux dépister la DMLA

La Dégénérescence Maculaire Liée à l'Âge (DMLA) est la première cause de malvoyance chez les plus de 50 ans et touche 8% de la population française. Selon l'association DMLA, un million de personnes seraient concernées en France. Comment en reconnaître les signes ? Quels sont les progrès pour soigner cette maladie ?

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Qu'est-ce que la DMLA ?

Marina Carrère d'Encausse et Fabien Doguet expliquent la DMLA
Marina Carrère d'Encausse et Fabien Doguet expliquent la DMLA

DMLA, quatre lettres pour désigner la Dégénérescence Maculaire Liée à l'Âge. Les symptômes les plus fréquents de cette pathologie de la rétine sont la baisse de l'acuité visuelle, les lignes droites qui se déforment ou encore l'apparition d'une tache noire au centre de la vision.

La DMLA est la première cause de handicap chez les personnes de plus de 50 ans et touche 8% de la population. Une personne sur 4, après 75 ans, souffre de la DMLA (source : Journées de la macula) et le chiffre passe à 1 sur 2 après 80 ans. Ce vieillissement de la macula est la première cause de handicap visuel après 55 ans.

La macula correspond à une petite zone au centre de la rétine et qui n'occupe en réalité que 2 à 3% de la surface totale. Pourtant, à elle seule, la macula transmet 90% de l'information visuelle, car elle est riche en photorécepteurs des cellules de la vision capables de capter les différents rayons lumineux. Ces photorécepteurs sont de deux sortes : les cônes, spécialisés dans la vision des couleurs, et les bâtonnets spécialisés dans la vision nocturne.

Grâce aux nombreux photorécepteurs au niveau de la macula, cette zone perçoit extrêmement bien les détails. C'est ce qui explique que lorsque les photorécepteurs de la macula dégénèrent, l'acuité visuelle baisse.

Les symptômes à surveiller 

- une déformation des lignes droites.

- une baisse d'acuiité visuelle.

- une tache noire au centre de la rétine.

Une consultation rapide s'impose alors.

Le diagnostic de la DMLA

Pour diagnostiquer la DMLA, il faut observer l'oeil de très près et notamment les différentes couches de la rétine. Certains examens permettent de définir précisément le type de DMLA concerné pour mettre en place la prise en charge adaptéé. Il s'agit au début d'une forme sèche, non dégénératives, avec accumulation de dépôts blanchâtres sur et autour de la macula (les "drusens") ; cette forme sèche précoce peut rester stable tout au long de la vie. Puis dans la moitié des cas, elle peut évoluer en forme dégénérative (divisée elle-même en deux catégories, atrophique ou humide) ; la perte de la vision centrale, au centre de l'oeil, est alors affectée.

Pour poser un diagnostic de DMLA, l'ophtalmologiste commence par pratiquer un examen appelé OCT. Il permet de visualiser la structure de la rétine. Pour confirmer le diagnostic établi par l'OCT, le patient subit ensuite une angiographie. Deux produits sont successivement injectés et diffusent jusqu'à la rétine. Cet examen permet d'observer par contraste l'ensemble des vaisseaux qui entourent la rétine.

50% des patients au stade initial ne développeront jamais de forme avancée. Deux formes existent, humide (exsudative) ou sèche (atrophique).

Pour enrayer la progression de la maladie, un traitement adapté est alors proposé au patient qui doit régulièrement faire contrôler ses yeux.

DMLA : un traitement par injection

Des injections pour prévenir la DMLA  —  Le Magazine de la Santé


Près de 20% des patients atteints de DMLA sont concernés par la forme "humide" (ou exsudative) qui se traite au moyen d'injections dans l'oeil. Si ces injections intra-vitréennes (IVT) sont très efficaces dans la phase de développement de la DMLA, elles sont sans effet sur des formes cicatrisées ou trop évoluées. C'est pourquoi, il est important que le diagnostic ait été fait à un stade précoce. Ces injections agissent en amont de la maladie : elles permettent de la contrôler et de ralentir son évolution.

Plusieurs médicaments peuvent être injectés : le ranibizumab, le bevacizumab ou encore l'aflibercept. Les injections doivent être espacées d'au moins un mois. Ils agissent en se liant au VGEF, un facteur des facteurs de croissance qui favorise le développement des néovaisseaux.

Les injections dans l'oeil doivent être régulières. Elles peuvent être impressionnantes, mais sont très rapides. Les piqûres se font dans le globe oculaire et le produit est directement injecté dans le sérum vitreux. Les effets indésirables sont essentiellement oculaires, avec des hémorragies, un décollement de vitré, une cataracte...) et ils justifient une surveillance ophtalmologique régulière.

DMLA sèche (atrophique), la prise en charge

Faute de traitement efficace, dans la forme sèche précoce, on agit sur les facteurs de risque comme le tabagisme et l'obésité sont connus pour augmenter le risque de DMLA. Une alimentation riche en fruits et légumes, oméga 3 avec les poissons gras, semble bénéfique, Des compléments alimentaires antioxydants (cuivre, zinc, oméga 3) peuvent être prescrits pour réduire le risque de passage d'une forme précoce à une forme dégénérative. Le rôle de la lumière reste discuté. 

DMLA : un traitement par photothérapie

Seule la forme humide de la DMLA bénéficie d'un traitement très intéressant : la photothérapie dynamique (ou PDT, PhotoDynamic Therapy en anglais).

Elle consiste à injecter un produit qui crée des caillots dans les néovaisseaux, le verteporphine. Ceux-ci sont alors bouchés, ce qui permet de stopper le processus de dégénérescence.

Pour les autres formes de DMLA, des aides visuelles de plus en plus performantes améliorent la vision et permettent de faciliter la vie quotidienne des personnes qui en sont atteintes.

DMLA : vers des rétines artificielles ?

Une équipe des chercheurs français tentent de développer une rétine artificielle, susceptible à terme de redonner une autonomie visuelle aux personnes atteintes de DMLA.

Le principe de ces rétines artificielles est d'implanter dans l'oeil, au contact des neurones de la rétine restants, une puce électronique qui reçoit des informations d'une caméra extérieure et qui reproduit l'information visuelle.

. Les chercheurs travaillent aussi sur d'autres pistes thérapeutiques, l'inflammation chronique, le remplacement des photorécepteurs, etc. En 2020, des chercheurs ont mis en évidence une nouvelle cible thérapeutique, la vitronectine, qui orchestrerait les dépôts sur la macula dans la DMLA sèche. L'étape suivante est de trouver une molécule qui empêche la formation de ces dépôts

DMLA : la rééducation orthoptique

Pour mieux vivre avec la DMLA et retrouver un certain confort visuel malgré la maladie, des séances de rééducation orthoptique sont souvent très utiles.

La rééducation orthoptique aide le patient à s'adapter à la maladie avec des exercices pour améliorer son confort visuel. "Quand le patient atteint de DMLA regarde droit devant lui, il voit une tache. Le but de la rééducation de la DMLA est d'aider le patient à utiliser sa rétine périphérique afin de percevoir quelque chose", explique Dan Nguyen, orthoptiste.

Certains exercices entraînent le patient à fixer son regard sur un point précis tout en coordonnant ses gestes. À terme, cela lui permet de mieux jauger les distances pour améliorer par exemple son écriture. D'autres exercices plus fonctionnels sont adaptés aux besoins spécifiques du patient.

Selon Dan Nguyen, "la rééducation de basse vision permet au patient de retrouver un peu d'autonomie, les activités qu'il avait laissées en suspens auparavant suite à la baisse d'acuité visuelle. Il va ainsi pouvoir réécrire, lire, refaire des mots croisés, du bricolage...". De quoi redonner un peu d'espoir à des patients qui cessent souvent leurs activités à cause de la maladie.

DMLA : suivre l'évolution de la maladie

Lorsqu'on est atteint de DMLA, il est très important de suivre l'évolution de sa pathologie en se rendant régulièrement à des examens de contrôle. Lors de ces examens, l'ophtalmologiste observe l'oeil de très près et examine notamment les différentes couches de la rétine.