Pollution de l'air : une facture de 1 à 2 milliards d'euros pour la Sécu

Consultations, examens, hospitalisations, arrêts de travail… Au total, la pollution de l'air coûterait entre 1 et 2 milliards d'euros à l'Assurance Maladie. Une facture très élévée, pour prendre en charge les maladies respiratoires et cardiovasculaires liées à une qualité médiocre de l'air, selon une évaluation de l'Inserm publiée le 9 avril.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Pollution de l'air : une facture de 1 à 2 milliards d'euros pour la Sécu
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Cinq maladies respiratoires ont été évaluées : l'asthme, les cancers respiratoires, la BPCO, les bronchites chroniques et aiguës. Les chercheurs de l'Inserm et de l'Université Pierre et Marie Curie se sont attachés à déterminer "au plus près" la part attribuable à la pollution de l'air dans ces maladies. Pour leur calcul final, ils ont ajouté les hospitalisations attribuables à la pollution pour des maladies cardiovasculaires, car une qualité médiocre de l'air a un impact sur certains de ces troubles.

Au final : "le coût des maladies respiratoires et des hospitalisations pour maladies cardiovasculaires retenu dans cette étude, attribuable à la pollution de l'air, est de l'ordre de1 à 2 milliards d'euros an" explique l'étude publiée dans la revue Environnement, Risques et Santé le 9 avril. Un chiffre bien au-dessus des évaluations précédentes, qui variaient de 70 à 600 millions d'euros.

Des résultats "entourés d'incertitudes"

Toutefois, ce nouveau calcul reste "entouré d'incertitudes" et "nos estimations doivent être considérées comme des ordres de grandeur", reconnaissent les auteurs. Les études sur le coût sanitaire de la pollution atmosphérique sont toujours compliquées à réaliser, et les résultats sont souvent très différents selon les publications. Il est, par exemple, difficile d'estimer clairement, pour une maladie donnée, les cas imputables à la pollution de l'air. 

Par ailleurs, des pathologies comme les rhinites, sinusites et conjonctivites, écartées de l'étude, auraient pu être prises en compte. "Malgré ces incertitudes, les données manquantes et certaines sous-évaluations, notre étude tente d'aller plus loin que les études précédentes fondées sur le PIB", soulignent les auteurs.

Le principe du pollueur payeur à envisager

Ils jugent "primordial" de poursuivre l'effort d'évaluation de l'impact sur la santé de la pollution de l'air. Car "elle pourrait servir de base de réflexion à l'application du principe pollueur payeur", ajoutent-ils. D'autant plus que ces dépenses de santé pourrait être largement baissées si les normes de qualité de l'air étaient respectées à la lettre.

"En 2012, on estimait à 3,7 millions le nombre de décès prématurés provoqués dans le monde par la pollution ambiante" explique l'OMS, et elle serait responsable de 42.000 morts chaque année en France. Une valeur que les auteurs jugent "discutable".

Le jour même de la publication de l'étude de l'Inserm, le ministère de l'Environnement a rendu officiel des chiffres similaires sur son site, estimant l'impact économique de la pollution entre 0,9 et 1,8 milliards d'euros.