Du sang de séropositif dans l'encre d'imprimerie

Pour son édition du mois de mai, le magazine masculin autrichien Vangardist a mêlé à l’encre de l’imprimeur le sang (stérilisé) de trois séropositifs. "Vous êtes en contact avec le VIH comme jamais vous ne l’avez été auparavant", explique dans ses pages le directeur de la revue.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
''Maintenant, ce problème est entre vos mains'', écrit le directeur du Vangardist dans les colonnes de ce numéro spécial. (crédits : Saatchi & Saatchi Switzerland / Vangardist)
''Maintenant, ce problème est entre vos mains'', écrit le directeur du Vangardist dans les colonnes de ce numéro spécial. (crédits : Saatchi & Saatchi Switzerland / Vangardist)

La une du magazine annonce la couleur : "ce magazine a été imprimé avec le sang de personnes positives au VIH". A en croire le directeur de la revue, un homosexuel de 26 ans, un homme hétérosexuel "récemment infecté" et une femme "[contaminée] par son mari" ont confié leur sang au journal, afin qu’il soit pasteurisé(1) puis mêlé à l’encre d’imprimerie.

Les 3.000 exemplaires de cette édition ne comportent pas le moindre risque d’infection pour les lecteurs. Tout est ici symbolique : le magazine est vendu sous blister, sur lequel est inscrit une invitation à passer outre les craintes infondées et les tabous.

L’objectif avoué du Vangardist – au-delà du "coup" publicitaire – est clair : provoquer interrogation et débat. Quels regards les séronégatifs au VIH portent, en 2015, sur les personnes ayant été infectées ? La société occidentale se sent-elle encore concernée par cette pathologie ?

Dans une interview à la chaîne CBS, retranscrite par le Journal de Montréal, l’un des concepteurs de cette une "choc" a déclaré que la recrudescence de cas de VIH au niveau mondial (notamment en Europe de l'est, en Afrique du nord, en Asie, ou au Moyen-Orient) était partiellement liée au fait que "les gens ne parlent plus de ce sujet". La stigmatisation sociale dont restent victimes les séropositifs décourage le dépistage, a-t-il expliqué. Or, sans dépistage, il est très difficile d’endiguer la propagation de la maladie.

 

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(1) Hors du corps humain, le VIH est un virus fragile. Il peut demeurer viable jusqu’à 42 jours dans le sang contenu dans une seringue à la température de la pièce. Dans du sang séché, le virus s’inactive beaucoup plus rapidement (virus indétectable de quelques heures à quelques jours après la mise à l’air libre, selon la charge virale initiale et les conditions expérimentales). Le virus ne se transmet que par exposition à quelques fluides corporels contaminés : sang, liquide céphalo-rachidien (prélèvements biologiques) lait maternel, sécrétions vaginales et liquides séminaux masculins. Source : agence de la santé du Canada.