Afrique de l'Ouest : le retour d'Ebola ?

Des cas de fièvre hémorragique Ebola ont été signalés en République démocratique du Congo et en Guinée. La crainte d’un nouvel épisode épidémique de grande ampleur se dessine sur le continent africain.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Afrique de l'Ouest : le retour d'Ebola ?

L'Afrique de l'Ouest est de nouveau confrontée à une épidémie de fièvre hémorragique Ebola, avec sept cas et au moins cinq morts recensés la semaine dernière dans le Sud-Est de la Guinée, d'où était déjà partie la pire épidémie de l'histoire du virus entre 2014 et 2016.

Conakry et l'OMS s'estiment toutefois mieux armées qu'il y a cinq ans, grâce notamment aux progrès de la vaccination. 

La  maladie virale est apparue pour la première fois en 1976 en République démocratique du Congo (RDC), où elle circule toujours. 

Sept cas confirmés

Au Liberia et en Sierra Leone, pays voisins de la Guinée, aucun cas n'a pour le moment été signalé, mais les autorités ont annoncé un renforcement de la vigilance et des actions de sensibilisation, en particulier le long des frontières avec la Guinée. 

Sept nouveaux cas, dont cinq mortels, sont apparus dans la région de Guinée forestière, près du Liberia. Des tests effectués à Conakry ont confirmé dimanche qu'il s'agissait bien d'Ebola. "Cela met la Guinée en situation d'épidémie Ebola", a annoncé dimanche le patron de l'agence sanitaire guinéenne (ANSS), le Dr Sakoba Keïta, à l'issue d'une réunion d'urgence.

Contamination lors des obsèques ? 

Selon le Dr Sakoba Keïta, une infirmière est décédée fin janvier à Gouecké, près de la capitale régionale Nzérékoré, et "plusieurs personnes ayant pris part à son enterrement ont, quelques jours après, commencé à avoir des manifestations de diarrhées, de vomissements, de saignements et de fièvre"

En RDC, quatre cas mortels d’Ebola ont été signalés la semaine dernière, à peine trois mois après la fin de la précédente épidémie. Au moins 70 personnes ont été placées en observation après avoir participé aux funérailles d’une femme décedée des suites de la maladie à virus Ebola. 

Le virus Ebola n’ayant pas été identifié immédiatement comme cause de la mort, les rites funéraires ne se sont donc pas déroulés dans les conditions de sécurité sanitaire habituellement de rigueur pour les patients touchés par Ebola. 

Ceinturer l’épidémie

L’urgence est d’empêcher la maladie de s’étendre sur le territoire guinéen. Les nouveaux patients ont été isolés et des centres de prise en charge ont été réactivés à Nzérékoré et à Conakry. Une mission d'investigation va "délimiter la zone incriminée et déterminer les villages de résidence de toutes les personnes qui ont pris part à la cérémonie d'inhumation de cette première victime,” explique le patron de l'ANSS. Objectif : identifier les contacts et les isoler.

Il faudra aussi déterminer l'origine de cette résurgence, qui pourrait provenir d'un "malade anciennement guéri dont la maladie s'est réveillée" ou d'une transmission par des "animaux sauvages, notamment les chauves-souris", selon le Dr Keïta. Le médecin se veut toutefois rassurant : en 2014 “on avait mis trois mois et demi pour poser le diagnostic, alors que cette fois-ci on a mis moins de deux semaines". À l’époque, lorsque l’OMS avait annoncé la flambée sur son site au moins 49 cas et 29 décès étaient déjà officiellement notifiés.

Le vaccin, meilleur espoir contre Ebola  

L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) va déployer "rapidement" des moyens et faire en sorte que les doses de vaccins nécessaires soient "mises à disposition le plus rapidement possible pour aider à cette riposte", a affirmé le professeur Alfred George Ki-Zerbo, représentant de l’OMS à Conakry.

Gavi, l'alliance du vaccin, avait justement annoncé en janvier dernier la création d’un stock mondial d'urgence de vaccins contre le virus Ebola. A terme, cette réserve sera constituée de 500 000 doses de vaccins prêtes à être distribuées rapidement en cas de résurgence épidémique. 

En attendant, l’OMS "travaille déjà" avec le Liberia et la Sierra Leone pour renforcer la vigilance. Elle surveille aussi de près la situation de la Côte d'Ivoire, du Mali, du Sénégal, et des autres pays à risques de la région.