Ebola en RDC : le virus qui fait peur au monde

Depuis début mai 2018, la République Démocratique du Congo (RDC) est à nouveau touchée par une épidémie d'Ebola.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le
Chronique de Géraldine Zamansky, journaliste, du 5 juin 2018
Chronique de Géraldine Zamansky, journaliste, du 5 juin 2018

Après avoir tardé à réagir en 2014, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a cette fois très vite donné l'alerte le 8 mai 2018, dès l'apparition de cas confirmés de patients atteints du virus Ebola en République Démocratique du Congo. La mobilisation a été massive pour ne pas laisser repartir une épidémie comme celle qui a coûté la vie à 11.000 victimes en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone de 2014 à 2016.

Au niveau du diagnostic, les équipes françaises de l'Inserm ont par exemple participé à l'identification précise du virus Ebola : la souche Zaïre, une des plus virulentes. Au niveau humanitaire, Médecins sans frontières a immédiatement envoyé sur la zone touchée ses "experts Ebola", c'est-à-dire des équipes ayant déjà été confrontées au virus. L'OMS coordonne les interventions.

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Sensibiliser la population

Les opérations en cours bénéficient de tout le savoir-faire acquis lors des précédentes épidémies. Selon Maria Mashako, coordinatrice médicale adjointe de MSF en RDC, chaque détail compte. Avec une grande attention portée à l'information de la population qui n'avait pas encore été confrontée à Ebola.

Le virus se transmet très facilement dès que les symptômes sont apparus, à savoir d'abord une forte fièvre, des douleurs musculaires et une immense fatigue... En cas de petite blessure sur la peau de la main par exemple, un simple contact pour se saluer suffit. Plus la maladie avance, avec des hémorragies et des diarrhées, plus les sources de contamination augmentent. La menace de propagation est maximale autour du corps des défunts, "envahi" par le virus.

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La première arme contre Ebola est donc la sensibilisation de la population pour que tout le monde sache comment réagir très rapidement. Les patients doivent être isolés dès l'apparition des premiers symptômes. Mais le risque reste toutefois majeur pour le personnel soignant qui doit apprendre à mettre en place une protection intégrale de toute la surface de la peau... Les équipes médicales recherchent ensuite dans la famille de la personne infectée, toutes les personnes qui ont été en contact avec le/la patient(e). Enfin, la vaccination permet de ralentir la course du virus Ebola.

Problème, ce vaccin doit être conservé entre - 60 et - 80 degrés. Dans un pays où il fait aux alentours de 30 degrés et où l'électricité est rarement disponible, surtout dans le village de Bikoro, cela peut être compliqué. Les vaccins arrivent donc par hélicoptère dans une sorte de congélateur ambulant. Et un groupe électrogène est présent pour le recharger.

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Un défi logistique

Une faute qui entraînerait une perte d'efficacité ferait perdre la confiance de la population, qui ne viendrait plus dans les centres où le vaccin est "bloqué" pour ces questions de logistique. Or, tout repose sur son utilisation ciblée dite "en anneau". C'est-à-dire d'abord pour les proches immédiats, puis ceux qui ont été en contact avec les proches.

Selon Maria Mashako, le vaccin semble être efficace tant que les symptômes ne sont pas apparus, tant que le virus ne s'est pas trop multiplié dans l'organisme. C'est la raison pour laquelle que les équipes médicales "foncent dans les familles" pour identifier à temps les personnes à vacciner et prendre en charge ceux qui sont déjà malades. L'organisation des soins est d'ailleurs adaptée pour que les proches puissent garder un contact visuel avec les malades. Tout un travail est réalisé pour qu'ils acceptent de confier leurs défunts à des équipes protégées. Des équipes dont les pratiques ont aussi évolué pour se rapprocher d'un enterrement traditionnel. Lors des premières épidémies, les rites funéraires avaient été une grande source de contamination.

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Une mobilisation pour réduire le nombre de victimes

Pour l'instant, la mortalité reste importante avec un taux de 42% mais elle diminue au fil des semaines puisqu'elle dépassait 52% il y a deux semaines. Tout en restant très prudente, Maria Mashako espère qu'il s'agit de l'effet de la mobilisation mise en place. Les premiers cas étaient par définition pris en charge à des stades plus avancés de la maladie.

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Sur les 53 cas recensés à ce jour, cinq agents de santé ont été touchés et deux d'entre eux font partie des 25 victimes qui ont perdu la vie avant l'arrivée du vaccin. Jusqu'à présent, les seules stratégies disponibles tentaient d'aider l'organisme à tenir face au virus. Désormais, ils devraient disposer de nouveaux traitements. MSF a reçu des antiviraux encore à l'essai ce week-end. C'est le résultat d'une rare accélération de la recherche ces dernières années.