Faut-il suspendre les visites dans les Ehpad, comme à Nice ?

En réponse à une circulation active du coronavirus, le maire de Nice a suspendu les visites dans les quatre Ehpad municipaux. Une mesure qui ne peut être généralisée sans risque pour les personnes âgées, selon les associations.

Laurène Levy
Rédigé le
Faut-il suspendre les visites dans les Ehpad, comme à Nice ?
Crédits Photo : © Shutterstock / bellena

A Nice, il n’est à nouveau plus question de rendre visite à ses proches en Ehpad. Le maire de la ville Christian Estrosi a annoncé le 10 septembre la suspension des visites dans les quatre Ehpad municipaux en réponse à la circulation plus active du coronavirus.

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"Je ne vois pas par quel miracle on serait épargné"

"J'assume des choses qui peuvent paraître impopulaires (...) Certains peuvent parler d'un semi-confinement (...) En fonction de l'évolution (...) je serai amené à prendre des mesures sans doute plus fortes encore dans les semaines qui viennent voire les jours", a declaré le maire lors d'un point presse. Il a ensuite affirmé : "La situation est grave" et la progression du virus "exponentielle".

"Je ne vois pas par quel miracle on serait épargné", a-t-il ajouté, en évoquant le rebond de l'épidémie à Marseille, Barcelone ou en Israël. Le département des Alpes-Maritimes est en effet classé rouge depuis le 28 août et le nombre de malades du Covid-19 en réanimation a doublé en moins de quinze jours. Mais le CHU de Nice reste très loin de la saturation avec sept patients en réanimation. "Si la dynamique perdurait, on serait peut-être en difficulté dans quelques jours ou quelques semaines", a précisé à l’AFP son directeur Charles Guepratte.

Privilégier une approche au cas par cas

Dans un communiqué publié le 11 septembre en réponse à cette suspension, l’association des Directeurs au service des Personnes Âgées (AD-PA) rappelle que "cette mesure ne peut être généralisée" et privilégie "une approche au cas par cas".

"On doit absolument réserver ces confinements à quand c’est vraiment nécessaire" nous confie Éric Fregona, directeur adjoint de l’AD-PA qui appelle à individualiser, proportionner et limiter dans le temps ce type de mesure. Un tel confinement ne doit donc s'appliquer "qu'aux seules personnes testées positives" et "pour une durée maximale de 15 jours" précise l’AD-PA.

Un risque pour la santé psychique des personnes âgées

Car si le confinement constitue bien "une arme pour lutter contre la propagation de l'épidémie", il doit être manié "avec agilité" pour ne pas "porter atteinte à la santé psychique des personnes âgées vulnérables" rappelle l’AD-PA.

En effet, "un isolement engendre une grande solitude, des symptômes dépressifs et un syndrome de glissement chez les personnes âgées" s’inquiète Éric Fregona.
Au confinement généralisé, que "l’AD-PA se refuse à envisager aujourd’hui", Éric Fregona préfère le recours au masque et à la multiplication des tests, aussi bien dans les établissements qu’auprès du personnel des services à domicile.

Renforcer les effectifs

Mais malgré tout le matériel dont les Ehpad disposent maintenant, un problème persiste pour Éric Fregona : le manque de personnel. D’autant que les structures doivent aujourd’hui faire face à un taux d’absentéisme grandissant. "Après le gros travail fourni avant l’été, puis la canicule et maintenant le rebond du covid et la grippe qu’il va falloir gérer, des professionnels abandonnent" constate le directeur adjoint de l'AD-PA.

Aujourd’hui, l’État doit donc, selon l’AD-PA, "renforcer les effectifs en établissement comme à domicile, puisque tous les rapports confirment leur manque criant." Sans quoi "notre secteur sera extrêmement fragile et difficile à relever " s’inquiète enfin Eric Fregona.