Des anticorps de lama contre le coronavirus ?

Des anticorps très spécifiques du virus du Covid-19 fabriqués par le lama pourraient être une piste de traitement chez les humains, selon des chercheurs belges et américains.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / susanna cesareo

Et si la solution pour lutter contre le coronavirus venait… du lama ? Cette idée étonnante est née près de Gand, en Belgique où vit Winter, un lama de quatre ans. A l’aide de chercheurs belges de l’université de Gand et américains à l’université du Texas à Austin, ce lama a développé des anticorps particuliers contre le coronavirus. Ces molécules du système immunitaire hautement spécifiques du virus du Covid-19 pourraient constituer une piste de traitement chez l’humain, selon des résultats préliminaires que les scientifiques publient dans la revue Cell.

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Un anticorps plus petit et plus spécifique

Mais pourquoi se tourner vers le lama ? La particularité de cet animal et des autres espèces de la famille des camélidés est qu’ils ne produisent pas un, mais deux types d’anticorps quand ils rencontrent un virus ou une bactérie. Le premier ressemble à ceux des humains et le second, beaucoup plus petit, est aussi beaucoup plus spécifique de l’agent pathogène visé.

Ici, les petits anticorps, aussi appelés "anticorps à domaine unique" ou "nanocorps" reconnaissent spécifiquement les "pics" ("spike" en anglais) présents à la surface du SARS-CoV-2. Ces pics sont en réalité des protéines (dites protéines S pour "spike") qui permettent au virus de se fixer aux cellules qu’il infecte et d’y pénétrer pour se multiplier. En reconnaissant ces protéines d’ancrage, l’anticorps du lama cible donc le virus de manière très fine.

Un anticorps à administrer par inhalateur

"C’est un des premiers anticorps connus pour neutraliser le SARS-CoV-2", affirme même le professeur Jason McLellan, spécialiste en biologie moléculaire à l’université du Texas à Austin et co-auteur de l’étude dans un communiqué de l’université publié le 29 avril 2020.

En plus de cette spécificité les nanocorps du lama présentent un autre avantage : comme ils sont plus petits que les anticorps classiques, ils peuvent être "nébulisés" et utilisés directement dans un inhalateur. "Cela les rend potentiellement très intéressants en tant que médicament contre un virus respiratoire, car ils sont délivrés directement sur le lieu de l’infection" à savoir les voies respiratoires, révèle Daniel Wrapp, également co-auteur de l’article dans le même communiqué.

Bientôt des tests sur des animaux

Jusqu’ici, les chercheurs ont démontré que le petit anticorps de lama parvient à neutraliser le SARS-CoV-2 in vitro, c’est-à-dire dans des cultures cellulaires.

Pour aller plus loin, il faut maintenant tester son efficacité in vivo, sur des organismes infectés. Les scientifiques américains et belges prévoient donc de tester cet anticorps sur des animaux comme des hamsters et des primates avant de le tester, finalement, sur des humains.

Protéger les soignants et les seniors

L’objectif final est de développer un traitement efficace contre le coronavirus à administrer chez les personnes infectées. "Avec les thérapies à base d’anticorps, vous donnez directement à quelqu’un les anticorps protecteurs, ce qui le protège donc immédiatement" décrit le professeur McLellan. "Les anticorps pourraient également être utilisés pour traiter une personne déjà malade afin d’atténuer la gravité de la maladie"  ajoute-t-il.

Une thérapie particulièrement intéressante pour les personnes les plus exposées au virus, comme les soignants, mais aussi pour les populations les plus vulnérables telles que les personnes âgées. D’autant que celles-ci ne réagissent que "modestement" aux vaccins, rappelle l’université dans son communiqué.