Coronavirus : un vaccin disponible dès septembre ?

L’université d’Oxford a déjà lancé des essais cliniques sur l’humain d’un vaccin contre le Covid-19 a priori sans danger. S’il est efficace, les chercheurs espèrent le rendre disponible au public à l’automne 2020.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Image d'illustration.
Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / joel bubble ben

Parmi la centaine de travaux de recherches dans le monde pour trouver un vaccin contre le nouveau coronavirus, sept en sont pour l'heure au stade des essais cliniques sur l'humain. Parmi eux, l’équipe de l’institut Jenner, à l’université d’Oxford (Royaume-Uni), a une longueur d’avance sur les autres.
Le ministre de la Santé britannique, Matt Hancock, a annoncé le début des essais sur l’humain le 23 avril et a salué un "développement prometteur ", soulignant qu'il faudrait en temps normal "des années" avant d'arriver à un tel stade de recherche.

A lire aussi : Covid-19 : un traitement prometteur pour éviter le passage en réanimation

Jusqu’à 6.000 participants à l’essai

Dans sa première phase, l'essai mené par l’université d'Oxford, destiné à évaluer la sécurité et l'efficacité du vaccin, concernera jusqu'à 6.000 volontaires d’ici la fin du mois de mai. La moitié recevra une dose du potentiel vaccin contre le Covid-19, l'autre moitié un vaccin témoin placebo. Dix participants recevront deux doses du vaccin expérimental, espacées de quatre semaines.

L’intérêt de réaliser cet essai clinique en pleine épidémie est que le virus circule activement, et que les participants ont donc plus de "chance" de l’attraper. En effet, les lois éthiques interdisent d’infecter volontairement les participants à un essai avec une maladie grave. La seule façon de prouver qu’un vaccin fonctionne est donc d’attendre que les participants à l’essai clinique soient "naturellement" infectés dans leur environnement.

Un vaccin "modifié", plus sûr

Que contient ce vaccin ? Un vaccin classique utilise une version affaiblie d'un virus pour déclencher une réponse immunitaire. Mais ici, dans la technologie utilisée par l'institut Jenner, un virus qui affecte des chimpanzés est modifié pour neutraliser ses effets puis façonné pour qu'il imite le virus que les scientifiques cherchent à combattre : le SARS-CoV-2.
Injecté dans l'organisme, ce virus imposteur peut inciter le système immunitaire à combattre et à tuer le virus ciblé, offrant ainsi aux vaccinés la protection recherchée.

Cette technique permet de "générer une forte réponse immunitaire avec une seule dose et il ne s'agit pas d'un virus qui se réplique", si bien qu'il "ne peut pas causer d'infection continue chez l'individu vacciné", selon les chercheurs d’Oxford. Cela le rend "plus sûr pour les enfants, les personnes âgées" et les patients qui auraient des maladies sous-jacentes comme le diabète.

Des résultats déjà prometteurs sur des singes

Ce nouveau vaccin a déjà été testé sur des singes, des macaques rhésus, au National Institutes of Health’s Rocky Mountain Laboratory, dans le Montana (Etats-Unis) et les premiers résultats se sont montrés prometteurs. Un constat de bon augure puisque le fonctionnement de l’organisme des singes utilisés et très proche du nôtre.

Et si les essais sur les humains ont déjà pu commencer, c’est parce que ce vaccin modifié a déjà prouvé dans de précédents essais que son inoculation, dont une l’an dernier contre un autre type de coronavirus, était sans danger pour l’humain.

Aujourd'hui, chez les humains, les scientifiques déclareraient victoire si une douzaine de participants recevant un placebo tombaient malades du Covid-19, contre seulement un ou deux vaccinés. Dans ce cas, le vaccin pourrait être inoculé à large échelle, en commençant par tous les participants qui ont reçu le placebo.

Un calendrier "hautement ambitieux"

Estimant à 80% les chances de réussite, l'équipe de l’institut Jenner prévoit, parallèlement aux recherches, de produire un million de doses disponibles d'ici au mois de septembre, afin de le rendre largement disponible dès l'automne en cas de succès. Soit plusieurs mois avant tous les autres candidats vaccins.

Mais les chercheurs admettent que ce calendrier est "hautement ambitieux" et pourrait changer. Le directeur des services sanitaires britanniques Chris Whitty a notamment reconnu que la probabilité d'obtenir un vaccin ou un traitement efficace "dans l'année qui vient est incroyablement faible". En attendant, a-t-il averti, "je pense que nous devons être réalistes à ce sujet - nous devrons compter sur d'autres mesures, sociales, qui sont bien sûr très perturbatrices".

Pour un retour à la "normalité" dans le monde, trouver un vaccin est la seule voie possible, a déjà prévenu le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, appelant dans ce domaine à accélérer les projets en développement.