Covid : l’hydroxychloroquine est bien inefficace, voire dangereuse associée à l’azithromycine

Une méta-analyse confirme l’inefficacité de l’hydroxychloroquine contre la mortalité du covid. Elle montre aussi qu’associée à l’azithromycine, cette molécule augmente le risque de décès.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Image d'illustration.
Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / somemeans

La partie semble bel et bien finie pour l’hydroxychloroquine. Des chercheurs français et suisses publient le 26 août une méta-analyse dans la revue Clinical Microbiology and Infection qui conclut à l’inefficacité de l’hydroxychloroquine pour diminuer la mortalité du covid-19.

Pire, cette importante étude pointe la dangerosité de cette molécule lorsqu’elle est associée, comme dans le protocole du professeur Didier Raoult, à l’antibiotique azithromycine.

29 études à la loupe

En quoi consiste cette étude ? Il s’agit d’une méta-analyse qui combine les résultats de 29 études déjà publiées et portant sur l’effet de l’hydroxychloroquine associée ou non à l’azithromycine sur le covid.

Au total, les chercheurs ont réuni les données de 1.932 patients ayant reçu de l’hydroxychloroquine seule, 8.081 patients ayant reçu de l’hydroxychloroquine associée à de l’azithromycine et 12.930 patients n’ayant reçu aucun de ces traitements, constituant le groupe contrôle.

Tous ces patients avaient plus de 18 ans, souffraient d’un covid-19 confirmé par un test et la grande majorité étaient hospitalisés. Les chercheurs ont ensuite conduit des analyses grâce à deux méthodes statistiques différentes pour comprendre l’effet de ces molécules sur le coronavirus.

A lire aussi : Covid : on vous explique pourquoi la prise en charge des malades s'est améliorée

Un risque de mortalité accru de 7%

Résultat, identique quelle que soit la méthode statistique utilisée : "l'hydroxychloroquine seule n'a pas été associée à une réduction de la mortalité chez les patients covid-19 hospitalisés, mais l'association de l'hydroxychloroquine et de l'azithromycine a considérablement augmenté la mortalité" notent les auteurs de l’étude dans leur publication.

Plus précisément, l’association des deux molécules augmente le risque de mortalité de 7%. Autrement dit, "si on a 100 décès covid-19, l’hydroxychloroquine + azithromycine en entraînerait 7 de plus" illustre l’épidémiologiste Thibault Fiolet, premier auteur de l’étude, sur Twitter. "L’explication serait liée à l’azithromycine, macrolide connu pour ses risques cardiaques" ajoute-t-il.

"Pas nécessaire de poursuivre les études"

Qu’est-ce qui différencie cette étude des autres travaux publiés plus tôt ? Sa taille d’abord : elle analyse 29 études, ce qui en fait "la plus grande méta-analyse jusqu’à ce jour", selon Thibault Fiolet. Sa rigueur ensuite : les chercheurs ont utilisé deux méthodes de calcul statistique pour valider leurs résultats et ont pris soin d’écarter de leur analyse les études qui comportaient des biais (nombre de participants trop faibl, données manquantes ou différences trop importantes d’âge ou d’état de santé entre le groupe contrôle et le groupe hydroxychloroquine par exemple).

Autant de caractéristiques qui rendent les conclusions fiables et solides et qui permettent de confirmer des résultats déjà esquissés. "Cette méta-analyse très sérieuse n’apporte pas de réponse définitive mais alerte sur un risque qu’on sous-entendait" commente de son côté le professeur Stéphane Gaudry, professeur de médecine intensive réanimation à l'hôpital Avicenne de Bobigny, qui n’a pas participé à l’étude.

Et maintenant ? "Nos résultats suggèrent qu'il n'est pas nécessaire de poursuivre les études évaluant ces molécules" écrivent les auteurs dans leur étude. C’est déjà le cas pour les essais cliniques de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et pour l’essai clinique européen Discovery qui ont stoppé depuis le mois de juin leurs travaux sur l’hydroxychloroquine.