Ménopause : la diminution de la sexualité des femmes est aussi liée à la santé de leur partenaire

Une étude remet en question les clichés sur l'origine de la baisse des rapports sexuels après la ménopause. La santé des hommes, plus que celle des femmes, serait en cause.

Marie Guyot
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Et si les changements hormonaux n’étaient qu’une raison parmi d’autres pour expliquer la baisse des rapports sexuels chez les femmes ménopausées ? C’est ce qui ressort d’une récente étude, menée auprès de 24 000 femmes de 50 à 74 ans en Grande-Bretagne, et publiée en juillet 2019 dans le journal  spécialisé Menopause. Ces recherches montrent en effet que si on attribue volontiers la baisse de la sexualité au sein du couple à la femme et aux conséquences de la ménopause (sécheresse vaginale, perte du désir, etc.), en réalité la santé physique et mentale de leur partenaire jouerait un rôle essentiel dans la diminution des rapports.

Un quart des femmes évoque les problèmes physiques de leur conjoint

Alors que 75% des femmes interrogées déclarent avoir un partenaire, à peine la moitié (49,2%) continue d’avoir une vie sexuelle active. Et un quart évoque les problèmes physiques de leur conjoint comme une des causes principales de la baisse de leurs rapports. Les témoignages publiés dans le New-York Times sont forts, et révélateurs de la palette des difficultés rencontrées. «Suite à une chirurgie de la prostate et du diabète, mon mari ne maintient pas une érection assez forte pour permettre la pénétration » (59 ans). « Mon mari a eu une accident vasculaire cérébral qui l’a laissé paralysé. Les relations sexuelles sont trop difficiles. Je reste avec lui comme soignante et compagne. » (52 ans). « Mon mari souffre d’anxiété et de dépression, ce qui a des conséquences sur notre relation et mon sommeil »(53 ans).

"Discuter de sexe et poser des quetsions est une bonne démarche vers le changement"

Ces données ont été analysées par le dr Helena Harder, chercheuse universitaire à la faculté de médecine de Brighton et Sussex. Elle en déduit que les médecins doivent avoir des conversations plus fréquentes avec les femmes au sujet du sexe : « Ces femmes se disent désolées que les choses aient changé, elles aimeraient que ce soit différent. Mais la question est peu abordée. Alors que discuter de sexe et poser des questions est une bonne démarche vers le changement. »

Aux alentours de 50/60 ans, pas loin d’1 homme sur 2 a des difficultés d’érection ou de libido

Une phénomène que confirme le dr Gilbert Bou Jaoudé, médecin sexologue. «Il est important de dire que l’altération de la libido après la ménopause n’est pas systématique, précise-t-il. De plus, les femmes qui entrent dans la période de la ménopause aujourd’hui sont majoritairement en couple avec des hommes du même âge ou un peu plus âgés. Et, aux alentours de 50/60 ans, pas loin d’1 homme sur 2 a des difficultés d’érection ou de libido, souvent liés à des problèmes de santé (problèmes cardiaques, diabète, dépression, traitements médicamenteux, etc.) »

Les jeux de séduction et la complicité sont les moteurs de la libido féminine

Dans sa pratique, il rencontre des femmes qui viennent consulter pour une baisse de la libido qu’elles pensent liées à la ménopause mais la réalité n’est pas toujours si simple. « Quand on les interroge, on s’aperçoit que leur conjoint présente des difficultés érectiles et, quand il accepte de suivre un traitement et que cela fonctionne, le couple peut retrouver une vie sexuelle active. » Seulement voilà : beaucoup d’hommes ont du mal à accepter cette réalité encore taboue. « Un homme qui a des problèmes d’érection va avoir tendance à éviter les rapports, les jeux de séduction et la complicité qui sont les moteurs de la libido féminine, afin de ne pas être confronté à l’échec. Et si la femme connaît une vraie baisse de libido, elle peut préférer que son conjoint ne traite pas son problème. Certains couples peuvent très bien fonctionner ainsi, il n’y a pas de normes en la matière. D’où l’importance d’analyser au cas par cas les situations. »