Thrombose : quand le covid crée aussi des caillots

Les cas de thromboses liés à la vaccination ont agité les autorités sanitaires ces dernières semaines. Mais le covid peut, lui aussi, entraîner la formation de caillots dans le sang par des mécanismes néanmoins très différents.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / Design_Cells

"Si vous voulez éviter les caillots, vaccinez-vous avec n’importe quel vaccin disponible en France." C’est ce que tweete le professeur Stéphane Gaudry, médecin réanimateur à l’hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis), photo impressionnante d’un long caillot à l’appui. Il précise que ce caillot, ou "thrombus", a été "retiré de l’artère de la jambe d’un patient covid en réanimation".

Car si les très rares cas de thromboses liés au vaccin AstraZeneca et possiblement au vaccin Janssen font beaucoup de bruit depuis plusieurs semaines, les cas de thromboses liés au covid sont bien moins discutés. Pourtant, leur incidence est élevée.

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Un cas pour 100.000 vaccinés

Ainsi, avec les données disponibles à ce jour, les scientifiques estiment que le risque de déclarer une thrombose sévère après avoir reçu un vaccin AstraZeneca et d’un cas pour 100.000 ou 150.000 personnes vaccinées. Et celui d’en décéder serait d’un pour 2,5 millions de personnes vaccinées, selon l’Agence européenne du médicament.

Près de 23% de thrombose en réanimation

Et chez les patients non vaccinés qui ont contracté le coronavirus, un risque de thrombose existe aussi. Une méta-analyse, portant sur 66 études réunissant plus de 28.000 patients, publiée en septembre 2020 dans le journal scientifique Research and Practice in Thrombosis and Haemostasis, estimait que le risque de thrombose est de 7,9% chez les patients covid hospitalisés en secteur conventionnel. Il monte à 22,7% chez les patients covid admis en réanimation.

Deux thromboses très différentes

Mais attention, cette comparaison a ses limites. Dans le cas des patients covid, le virus perturbe la coagulation. La protéine S présente à la surface du coronavirus semble se fixer aux récepteurs ACE2 des plaquettes sanguines, comme elle le fait pour n’importe quelle cellule cible. Cette fixation entraînerait une agrégation des plaquettes, qui peut elle-même entraîner la formation d’un caillot. Il s’agit donc d’une thrombose veineuse profonde liée à une agrégation des plaquettes qui forment un caillot.

Ce n’est pas du tout le même phénomène qui se produit pour les thromboses liées aux vaccins. Dans ce cas, l’hypothèse la plus probable est celle d’une réaction immunitaire qui forcerait les propres anticorps du patient à se diriger contre ses plaquettes. Il s’agit alors d’une thrombose veineuse cérébrale, associée à une anomalie de la coagulation et à une chute du nombre de plaquettes.

Une balance bénéfice/risque "immensément favorable"

Mais malgré ces différences, le message porté par ce tweet est clair : faites-vous vacciner. Car les risques liés au covid sont bien plus élevés que ceux liés au vaccin, et sans comparaison possible face aux bénéfices qu’apporte la vaccination.

Et pour le vaccin AstraZeneca, la balance bénéfice/risque reste encore aujourd’hui "immensément favorable" au moins pour les plus de 55 ans, rappelait encore le professeur Alain Fischer, président du conseil d’orientation de la stratégie vaccinale invité de C à vous le 14 avril.