Le confinement, bénéfique à la santé cardiaque ?

Les hospitalisations pour crise cardiaque ont chuté de 30% pendant le premier mois du confinement, rapporte une étude française. La peur d’aller à l’hôpital mais aussi une baisse de la pollution et du stress expliqueraient ces chiffres.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / myboys.me

Moins d’infarctus du myocarde pendant le confinement. C’est ce qu’ont observé des médecins et chercheurs de plusieurs hôpitaux français. Dans l’étude qu’ils publient ce 22 septembre dans The Lancet Public Health, ils constatent que les hospitalisations pour crises cardiaques en France ont chuté de près d’un tiers au début du confinement.

30% d’hospitalisations en moins

Pour cette étude, les chercheurs ont compté le nombre d’admission pour crise cardiaque au cours du premier mois du confinement – du 17 mars au 12 avril 2020 – dans 21 centres hospitaliers français. Ils ont ensuite comparé ce chiffre à celui enregistré le mois précédant le confinement, du 17 février au 15 mars.

Résultat : 481 admissions ont eu lieu le premier mois du confinement, contre 686 le mois précédant le confinement, soit une chute d’environ 30%.
Mieux, les chercheurs n’ont pas observé d’effet "rebond" après le confinement, ce qui suggère bien "une véritable diminution de la fréquence des infarctus du myocarde" au cours de cette période, avancent-ils dans leur publication.

Peur de l’hôpital

Mais comment expliquer une telle chute du nombre de crises cardiaques ? La première explication est liée à une baisse de fréquentation de l’hôpital, par peur de contracter le covid ou de déranger le personnel soignant.

"L'explication la plus probable est que les patients craignaient d'être emmenés dans des hôpitaux susceptibles de recevoir des patients atteints de covid-19, ou qu'ils craignaient d'accroître la pression sur les médecins et les infirmières en ces temps difficiles" détaillent les auteurs dans leur étude. Des préoccupations probablement "amplifiées" par le message général qui indiquaient alors aux Français de "rester chez eux".

Moins de stress et moins d’efforts

Mais pour les chercheurs, il ne s’agit pas de la seule explication. Autre piste envisagée : celle de la diminution du stress et des efforts physiques au cours du confinement.

L’hypothèse est qu’"il y a eu réellement une baisse des survenues d'infarctus du myocarde, et pas seulement des hospitalisations pour infarctus parce que les gens étaient confinés, chez eux, donc ne faisaient plus d'efforts violents" propose le professeur Nicolas Danchin, cardiologue à l'hôpital européen Georges-Pompidou et coordinateur de l'étude au micro de France Inter. Il y avait en parallèle "peut-être moins de stress professionnel pour certaines personnes" ajoute-t-il.

Une meilleure qualité de l’air

Dernière raison évoquée par les chercheurs : la baisse de la pollution de l’air observée dès le début du confinement par exemple à Paris, où "une réduction de 30% du dioxyde d’azote a été observée dès la première semaine après le confinement" rappellent les scientifiques dans leur publication. Or, "la pollution est un déclencheur connu de l’infarctus du myocarde" notent-ils également.

Prochain objectif, pour ces chercheurs : allonger la durée de l’étude pour déterminer si un éventuel effet rebond s’observe plus longtemps après la fin du confinement. Des données qui seront très utiles à la médecine cardiaque en cas de deuxième vague voire de nouvelle épidémie.