Cancer de la prostate : le choix du dépistage

À partir de 50 ans tout homme doit surveiller sa prostate, une glande dans laquelle peuvent se développer des tumeurs. Si elles peuvent être bénignes (on parle d'adénomes), celles-ci sont parfois cancéreuses. Traiter un tel cancer est d'autant plus aisé que le dépistage est précoce.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

À quoi sert la prostate ?

La prostate est une glande qui se trouve juste en dessous de la vessie, en avant du rectum. Elle entoure l'urètre, le canal qui permet d'évacuer l'urine. Cette glande participe à la fertilité, puisqu'elle produit des sécrétions permettant aux spermatozoïdes de rester fécondants jusqu'à leur rencontre avec l'ovocyte. Les sécrétions prostatiques sont d'abord stockées dans les vésicules séminales, puis mélangées aux spermatozoïdes avant d'être évacuées, le moment venu, par l'urètre. Autrement dit, la prostate participe au bon fonctionnement de l'éjaculation et à la fertilité.

Quels sont les signes du cancer de la prostate ?

On parle d'adénome de la prostate (ou d'hypertrophie bénigne de la prostate, HBP) quand la partie centrale de la glande gonfle. Il s'agit d'une hyperplasie, autrement dit une tumeur bénigne et non un cancer : la prostate, devenue volumineuse, comprime l'urètre qui la traverse, d'où les problèmes urinaires dont se plaignent les hommes. Il s'agit surtout d'envies d'uriner fréquentes, de jour comme de nuit, d'une faiblesse du jet, d'une sensation de mauvaise vidange vésicale ou carrément d'une impossibilité d'uriner.

Au moment du diagnostic, ces signes vont orienter vers un adénome de la prostate, mais il faudra le confirmer par d'autres examens. L'échographie endorectale est une technique qui permet d'obtenir une image de la prostate. Un toucher rectal va aussi être réalisé pour confirmer le diagnostic. Le doigt du praticien passe par la voie anale afin de palper la glande pour en évaluer sa taille et sa consistance. En cas de cancer, la surveillance comporte un toucher rectal par an pour détecter une récidive local. Une autre technique de diagnostic est l'urographie.

Près de 6 millions d'hommes français âgés de plus de 50 ans seraient porteurs d'une hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) et selon Santé publique France50 000 nouveaux cas de cancer de la prostate auraient lieu chaque année, entraînant 8 100 décès (chiffres de 2018). C'est le premier cancer touchant les hommes de plus de 50 ans et la deuxième cause de décès (source : Vidal). Pourtant lorsqu'il est diagnostiqué tôt, il y a de réelles chances de pouvoir en guérir.

Quels examens pour détecter le cancer de la prostate ?

La prostate est située sous la vessie, juste en avant du rectum. Lorsqu'un cancer se développe, cela se fait justement vers l'arrière, au contact du rectum. C'est pour cela que le toucher rectal est un geste habituel de dépistage : le doigt du spécialiste est rentré à l'intérieur de l'anus pour palper, sur la face antérieure du rectum, la tumeur qui se développe.

Mais seule la biopsie de la prostate, sous échographie endorectale ou sous IRM, peut confirmer le diagnostic de cancer en analysant les cellules cancéreuses. En cas d'ablation de la prostate, la glande extraite sera analysée et le diagnostic sera confirmé ou infirmé.

À quoi sert un dosage PSA ?

Que peut-on déduire d'un taux de PSA élevé ?
Que peut-on déduire d'un taux de PSA élevé ?

Le PSA, ou prostatic specific antigen, est une protéine naturellement présente dans le sang. Son taux augmente avec l'âge, il s'élève 48 heures après une éjaculation, ou après un massage prostatique, en cas de prostatite, d'hypertrophie bénigne de la prostate (car son volume augmente), mais aussi de cancer. Son dosage est donc habituellement demandé dans le cadre d'un dépistage.

Mais l'utilité de ce test standard de détection du cancer de la prostate est remise en cause par son inventeur lui-même et en France, le dosage PSA fait l'objet d'une vive controverse entre médecins.

Et en cas d'élévation du taux de PSA, d'autres indicateurs et examens doivent être réalisés pour confirmer le diagnostic de cancer, comme la biopsie, et d'adapter le suivi. La biopsie est demandé si le PSA est supérieur à 4 ng/ml. Chez les sujets jeunes et les hommes à risque, cette valeur est abaissée à 3.

Biopsies prostatiques : un examen de référence

Comment réalise-t-on les biopsies de la prostate ?
Comment réalise-t-on les biopsies de la prostate ?

Pour diagnostiquer un cancer de la prostate, la biopsie reste un examen indispensable. Elle consiste à prélever des petits morceaux de la tumeur et du tissu prostatique pour les analyser et déterminer l'étendue et l'agressivité du cancer.

La biopsie de la prostate est un examen assez désagréable. Pour accéder à la prostate, l'urologue passe par la voie rectale et se guide sous contrôle échographique. Une fois dans la prostate, le médecin procède au prélèvement du tissu prostatique, entre 10 et 15 millimètres de profondeur pour analyser le volume total des masses suspectes. Plusieurs ponctions sont effectuées.

"Avant, on réalisait lors d'une biopsie entre dix et douze prélèvements à l'aveugle. Mais aujourd'hui, on a changé cette situation. On se fait guider par l'information obtenue à partir de l'IRM. Et cela nous permet d'être beaucoup plus pertinents par rapport au diagnostic", confie le Dr Rafael Sanchez-Salas, chirurgien urologue.

L'examen dure une vingtaine de minutes. Toute la zone prostatique potentiellement malade est ponctionnée. La biopsie de la prostate est un examen rapide mais pas anodin. Au préalable et par précaution, le patient prend un antibiotique pour limiter le risque de développer une infection. Il peut rentrer chez lui le jour-même.

La biopsie permet de détecter la présence de cellules cancéreuses et de mettre en place le traitement le mieux adapté. Il faut en moyenne une quinzaine de jours pour obtenir les résultats.

Une fois tous les examens faits, le cancer peut être classé selon la classification TNM, T désignant la tumeur (sa taille et son extension, N l'extension aux ganglions lymphatiques de la région et M la présence de métastase ou pas. Le score de Gleason est également un score important car il évalue l'agressivité de la tumeur et permet d'adapter la prise en charge. Il possède également une valeur pronostique.

Quels traitements pour le cancer de la prostate ?

La prise en charge du cancer de la prostate s'adapte au grade du cancer, à l'âge du patient et elle se fait en accord avec le patient. Il peut s'agir d'une simple surveillance pour le stade le plus faible, ou faire appel à la chirurgie (prostatectomie radicale), à la curiethérapie, la radiothérapie externe, l'hormonothérapie et/ou la chimiothérapie notamment en cas de métastases. Les traitements tâchent de cibler davantage les cellules cancéreuses pour préserver les zones saines.

Les ultrasons focalisés de haute intensité sont également une option.

Les différentes techniques peuvent laisser des séquelles, notamment une incontinence urinaire ou des troubles sexuels. Elles doivent être exposées au patient et les différents bénéfices et risques sont à prendre en compte pour chaque patient de manière à prendre la décision la mieux adaptée à chaque situation.

Pour ou contre un dépistage systématique ?

En France, le dépistage du cancer de la prostate n'est pas organisé par les autorités, chacun est libre de le faire. Mais pour les hommes présentant des facteurs de risques, il est hautement recommandé dès l'âge de 45 ans. Il existe pour cela des centres de diagnostic et de suivi spécifique, dédiés à ces patients dits à haut risque, notamment à l'hôpital Tenon à Paris. 

Pour les hommes sans antécédents ni facteurs de risque, le dépistage systématique n'est pas forcément recommandable du fait des risques encourus. Actuellement, il n’est en effet pas certain que le dépistage systématique du cancer de la prostate par dosage du PSA chez les hommes sans symptôme et sans facteur de risque permette d’éviter des décès liés à ce cancer. À l'inverse, un dépistage systématique entraîne un risque de surdiagnostic et de surtraitement du cancer de la prostate.

En savoir plus

Sur Allodocteurs.fr

· Adénome de la prostate : fréquent mais bénin
· Cancer de la prostate : et si des bactéries étaient en cause ? 
· Prostate : une biopsie moins risquée par voie transpérinéale
· La curiethérapie, une radiothérapie ciblée pour traiter les cancers

Ailleurs sur le web

· Institut national du Cancer
· Association Française d'Urologie
· Fondation pour la Recherche sur le Cancer